L’ouvrage édité une première fois en 1993 du vivant du biographié est repris vingt ans après sa parution. Jean-Pierre Sainton propose une biographie pleine d’empathie de Rosan Girard, ce leader de la vie politique politique guadeloupéenne. A propos de Jean-Pierre Sainton, Rosan Girard. Chronique d’une vie politique en Guadeloupe, Atlantiques déchaînés, 2021, 488 p. 26 €
NĂ© en 1913 dans la bourgade de la Moule, Rosan Girard poursuit de brillantes Ă©tudes. Obtenant le baccalaurĂ©at Ă 16 ans, il quitte sa ville natale pour la mĂ©tropole oĂą il devient mĂ©decin et docteur Ă l’âge de 23 ans. A son retour en Guadeloupe, il s’initie au marxisme sous la fĂ©rule du vieux militant communiste, fondateur du premier PCG, Sabin Ducadosse. Girard s’impose vite comme l’une des figures de proue du Parti, qu’il conduit grâce Ă un talent oratoire certain. Sa propagande tourne autour de trois axes principaux : la condamnation du personnel politique en place, le soutien aux mouvements sociaux, la formation des guadeloupĂ©ens. Les dirigeants socialistes de l’île ont fort Ă faire pour contrecarrer le tribun. En novembre 1946, Girard est Ă©lu dĂ©putĂ©, poste qu’il conserve sans discontinuitĂ© jusqu’en 1958.
Proche d’Aimé Césaire, il se montre partisan de la départementalisation de l’île et prône alors l’assimilation des insulaires avant d’évoluer vers une ligne autonomiste à la limite de l’indépendantisme. A la différence d’Aimé Césaire, il ne rompt pas avec le communisme. Battu à l’élection législative de 1958, il reste maire communiste de la populaire La Moule jusqu’en 1971 bien qu’ayant quitté le PC sur la pointe des pieds. Après son dernier mandat, il entame une réflexion théorique sur le marxisme et le mouvement national guadeloupéen, se rapprochant des études marxologiques de Maximilien Rubel. Il meurt en juin 2001.
Ce livre hommage permet de revenir sur l’itinéraire d’un des personnages centraux de la vie politique guadeloupéenne.
Sylvain Boulouque