mercredi 24 avril 2024
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Pif, mon coco et une vie en rouge, par Sylvain Boulouque

Le monde et l’univers communiste peut aussi se revisiter avec profit à travers l’étude et la place de sa presse et dans les récits de ses militants. A Propos de Maël Rannou, Pif gadget et le communisme, PLG 2022 160 15 €Par Sylvain Boulouque

Dans l’histoire des hebdomadaires illustrés, Pif gadget occupe une place à part. Si la majeure partie d’entre-eux ont occupé une place principalement ludique, Pif a été l’un des relais des cercles concentriques liés à l’influence du PCF.

Dans cet essai richement illustré, Maël Rannou retrace la genèse et les relations que l’hebdomadaire a entretenu avec le Parti communiste. Comme le note Jean Vigreux dans la préface, l’hebdomadaire a été un « marqueur identitaire d’une culture politique : il a sa place à la fête de l’humanité, dans la caravane du  Tour de France et participe aux enjeux culturels du  Pcf. Il développe une forme de militantisme ou d’acculturation. »

C’est tout l’enjeu du livre : montrer que Pif était un des éléments de la diffusion de la culture communiste sans être uniquement cela. Conséquence de la disparition de Vaillant, le journal à destination des jeunes du Parti, qui avait intégré en son sein l’ancienne équipe de dessinateurs du journal collaborateur Jeune force, il a développé à partir de 1945 d’abord sous le titre Jeune patriote, les exploits des Fifis, des pages à la gloire du colonel Rol-Tanguy, un culte au communisme illustrant par exemple et l’Acier fut trempé… Le parti contrôlant la publication. Avec la crise de 1971, financière et un peu politique, le PCF reprend en main un journal qui avait fini par s’automiser. Le PCF lâche un peu de lest et laisse une autonomie rédactionnelle à la direction artistique du journal, qui invente le gadget. Ce dernier devient vite le symbole de l’originalité du journal jusqu’à son déclin dans les années 1990. L’auteur souligne que Pif n’a pas fait que diffusé une image positive du communisme, ce qui est le cas dans environ 30 % des bulles mais promeut également des auteurs originaux non communistes. Hugo Pratt y publie ses premières bulles. Par ailleurs, il souligne le succès que l’hebdo a pu connaître dans les pays frères. Pif a connu un certain succès en Roumanie. Il pointe aussi l’importance de l’antiaméricanisme dans le journal et analyse finement la place de Rahan, l’autre symbole de PIF, comme un héros, figure du communisme. L’échec de Pif représente la fin d’une culture, mais aussi au sein de l’univers dessiné la difficulté à se renouveler. Un ouvrage synthétique et stimulant.

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