mardi 19 mars 2024
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Bannis de Pologne, par Sylvain Boulouque

A propos de Janka Kaempfer Louis, Adieu Varsovie. Quand la Pologne chassait les rescapés de la Shoah, Editions Ampelos, 2021, 174 p, 13 €

Issue d’une famille juive communiste, Janka Kaempfer Louis appartient à cette  génération de juifs qui ont été obligés de quitter la Pologne au lendemain de la guerre des Six Jours en 1967. Son père, Ignacy Waniewicz, est exclu de son travail à la Télévision alors que sa mère, Irena, est contrainte de démissionner de la rédaction en chef du journal du parti. Ils partagent le sort des quelque 8 000 Juifs communistes polonais. Au total, sur les 45 000 Juifs polonais encore présents en 1968, 20 000 quittent le pays. Au lendemain de ce nouvel exil, son père entame un retour vers la religion.

L’histoire de ses parents lui sert d’exemple pour parcourir l’histoire des relations judéo-polonaises des lendemains de l’extermination des Juifs,  où l’antisémitisme latent a du mal à ne pas trouver des expressions violentes comme lors du Pogrome de Kielce en 1946, alors que ses parents reviennent d’URSS en 1944 bien décidés à construire le socialisme.

À travers des souvenirs et des documents provenant de l’histoire familiale, elle propose d’en reconstruire l’histoire croisée et tortueuse. Sa mère a été élevée dans une famille d’exploitants agricoles devenus investisseurs. Pendant la guerre, elle participe à la résistance intérieure au Ghetto de Varsovie comme agent de liaison avec l’extérieur. Puis elle passe par la Palestine avec les groupes les Vengeurs avant de revenir en Pologne où elle rencontre son futur mari. Ignacy Waniewicz, issu d’une famille religieuse, a rompu avec la foi lors de son séjour en Yakoutie soviétique. Après avoir participé à l’instauration du communisme en Pologne, le père de Yanka a travaillé d’abord dans l’administration du pays avant d’entrer à la Télévision.

Un témoignage intéressant, mais qui laisse parfois sur sa faim en raison de l’absence de sources, de croisement des archives et de zones d’ombres persistantes.

Sylvain Boulouque

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