À propos de Karim Hammoi et Marie Sonnette-Manoiguian, 40 ans de musiques hip-hop en France, Presses de Sciences Po, 2022, 242 p, 23 €
Longtemps déconsidérés, les rythmes issus des musiques hip-hop – dont le rap est l’élément central – sont aujourd’hui devenus un objet d’études à part entière traduisant la place prise par les nouvelles formes de cultures urbaines. Les auteurs de l’ouvrage s’attachent à montrer comment en quelques décennies ces musiques occupent, sans être centrales, une place majeure dans le renouvellement de la scène musicale.
Née aux États-Unis, la culture hip-hop s’est exportée en France à la fois sous la forme de sons, mais est aussi comme produit d’une industrie culturelle que le succès a transformé en une véritable industrie dont les bénéfices sont substantiels. Si quelques figures féminines émergent en France – Diam’s ou Keny Arkana – cette culture urbaine, qui demeure particulièrement masculine – souvent viriliste – a réussi à se frayer un chemin dans tous les groupes sociaux, comme le montre l’analyse des sondages sur l’écoute de ces musiques et leur progression. Parallèlement, les auteurs se penchent sur les dimensions politique et sociale de la diffusion de la culture hip-hop. La majorité des groupes ne s’en préoccupe guère, néanmoins, en dehors de quelques scandales liés à des provocations – une part substantielle d’entre eux cherchent à décrire des conditions sociales voire parfois, comme dans d’autres courants musicaux, à contester l’ordre en place et à porter la voix de quelques oubliés. Une excellente synthèse.