vendredi 19 avril 2024
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Notre ami Jean Le Garrec (1929-2023) nous a quittés

Jean Le Garrec est décédé le 19 février 2023. Militant du PSU dans les années 1960, il avait rejoint le PS au moment des Assises du Socialisme en 1974, et s’était rapproché de Pierre Mauroy dont il était devenu un fidèle soutien. Élu du Nord (conseiller municipal de Cambrai, conseiller régional, député de 1986 à 2007 avec une interruption ente 1993 et 1997… ), il a occupé des fonctions ministérielles dans les domaines économiques entre 1981 et 1986 (secrétaire d’État auprès du Premier ministre, chargé de l’extension du secteur public (1981-1982), ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé de l’emploi (1982-1983)…). Il partageait avec son épouse, journaliste et écrivaine (spécialiste de Séverine notamment), la passion de l’histoire, de l’histoire sociale, et de l’histoire des femmes. 

Jean Le Garrec a été élevé par une grand-mère, une mère et une arrière-grand-mère peu ordinaires. Il en a brossé trois portraits sensibles en forme d’hommages dans un livre émouvant où le récit autobiographique nourrit des réflexions sur un XXe siècle riche en drames, mutations, et espoirs (Trois femmes, Bruno Leprince, 2011, 141 p).

Sa naissance à Belle-Île-en-Mer le 9 août 1929 doit beaucoup à la décision inattendue d’Angèle, sa grand-mère, deux fois veuve à moins de 40 ans, qui embarque en 1925 ses trois filles pour reprendre un restaurant au Palais, chef-lieu de l’île. C’est là que l’amour, le drame et les secrets vont marquer les premières années de la vie du petit Jean. 

Sa mère, la belle Adrienne, tombe amoureuse d’Alberto Gianni, un scaphandrier-artificier italien spécialisé dans l’élimination des épaves en mer. Il a déjà une famille en Italie, à Viareggio, et mène une double vie. En 1929, naît Jean-Albert (traduction du nom de son père), accepté par la famille. La tragédie frappe à nouveau. En 1930, son père est tué lors d’une opération. Adrienne, désespérée, surmonte l’épreuve, et en 1932, épouse Marcel Le Garrec, qui donne un nom à son fils. En 1934, Marcel se volatilise. Les affaires du restaurant n’étant pas florissante, Angèle décide de retourner dans le berceau familial, le Causse du Lot, et entraîne tout le monde avec elle. Jean va apprendre à connaître Marie Bras, son arrière-grand-mère maternelle qui aime tant faire enrager son autoritaire de fille.

À Cahors (Lot) et dans ses environs, Jean vit la guerre, l’occupation, les héros, les lâches, les autres. À la Libération, il en tirera un projet de roman dont il reprend dans Trois femmes des éléments. Des scènes de la vie de province. Mais, il doit vivre, et l’écriture nourrit mal. Ensuite le militantisme et l’action politique le rattrapent. Il en avait raconté quelques années auparavant les étapes dans Une vie à gauche, ouvrage paru en 2006 (Éditions de l’Aube).

Jean Le Garrec a accompagné les travaux de l’OURS pendant plusieurs années, quand nous nous sommes retrouvés voisins à la Cité Malesherbes. À partir de 2010, il a été un fidèle soutien et un actif collaborateur de notre mensuel pendant cinq années avant que la maladie de son épouse Évelyne l’oblige à s’éloigner. Ces nombreux articles publiés dans L’Ours témoignent de sa curiosité pour l’histoire mais aussi de sa révolte permanente contre les injustices. Nous gardons un souvenir bien vivant des agréables moments passés en sa compagnie. Nous adressons à sa famille nos sincères condoléances.

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