AccueilActualitéVers une révolution écologique européenne obligée… par ARNAUD DUPIN

Vers une révolution écologique européenne obligée… par ARNAUD DUPIN

Malgré les alertes, les changements attendus dans la consommation énergétique, tant de la part des acteurs économiques que des ménages, tardent à se confirmer. Le rythme de diminution des gaz à effet de serre (GES) est trop lent.

Afin de remédier à ce sombre constat, les deux auteurs veulent lancer une révolution écologique. Ils s’inspirent des piliers de la révolution industrielle (nouvelles sources d’énergie, importance de l’investissement et de l’innovation) tout en mettant en garde : les fruits de la révolution à laquelle ils aspirent ne seront tangibles que pour les générations futures.

Afin de construire leur propre modèle, David Djaïz et Xavier Desjardins ont analysé les politiques lancés par les grandes puissances afin de lutter contre le changement climatique et ses conséquences.

La Chine a lancé son ambitieuse « civilisation écologique » (en 2022, la Chine a investi 538 milliards de dollars dans les industries vertes). Ce pays, qui construit deux centrales à charbon par semaine et qui est le premier émetteur de GES, est devenu le premier producteur mondial de cellules photovoltaïques. Il est également en position de force sur l’énergie solaire ainsi que sur les véhicules électriques. Les « nouvelles routes de la soie » permettent d’approvisionner l’Empire du milieu en minerais qui rentrent dans la composition des batteries électriques. Néanmoins cette « civilisation écologique » interroge car cette politique volontariste de décarbonation de l’économie s’accompagne d’une politique de surveillance « environnementale » accrue du PCC sur les citoyens, les entreprises et les pouvoirs locaux. Et que dire des conditions d’extraction des minerais dans les pays partenaires ?

L’arrivée au pouvoir de Joe Biden en 2020 a entraîné le retour des États-Unis dans le multilatéralisme. Le président américain s’est lancé dans une ambitieuse politique de décarbonation de l’économie. Il s’agit d’investir 370 milliards de dollars dans les technologies vertes, les énergies renouvelables et les économies d’énergie. Ces mesures volontaristes doivent permettre de réduire de 40 % les émissions de GES d’ici 2030 par rapport au niveau de 2005. Les États-Unis pourront alors disputer la place de leader écologique du monde à la Chine et la « Rust Belt » pourra connaître une nouvelle industrialisation. Néanmoins cette politique devra être complétée car elle laisse de côté des secteurs fortement émissifs : l’agriculture, les transports et le logement.

Les deux auteurs explorent ensuite le Pacte vert européen. Il s’agit de mesures mises en place par les institutions de l’Union européenne depuis 2019 afin de réduire de 55 % d’ici 2030 les émissions de GES par rapport à 1990. Contrairement aux politiques chinoise et américaine qui reposent sur un investissement massif de l’État, ce pacte repose sur des mesures avant tout coercitives : interdiction de la vente de véhicules thermiques neufs d’ici 2035, accroissement du suivi écologique des entreprises, proposition de réduire le cheptel bovin, taxe carbone… Cette révolution écologique par le haut n’est que difficilement acceptée par les populations qui vivent ces mesures comme autant de nouvelles contraintes normatives. On peut alors comprendre que les populistes de tout bord qui s’attaquent matin, midi et soir à l’Europe ont l’oreille de l’opinion. De plus, le soutien des États à l’innovation est contrarié par les règles budgétaires qui restent strictes malgré l’assouplissement mis en place lors de la crise de la Covid.

Dans la dernière partie, David Djaïz et Xavier Desjardins esquissent leur révolution écologique pour le vieux continent. Selon eux, cette révolution doit s’appuyer sur un État providence défini à l’échelle européenne. Ce dernier doit lancer des politiques ambitieuses d’innovation dans de multiples secteurs : les sources d’énergie, les transports, l’industrie verte, l’extraction des minerais, la recherche et développement… Ces investissements doivent s’accompagner de la mise en place d’un guichet unique afin de faciliter les demandes d’aides des entreprises.

Ce nouveau pacte vert doit aussi soutenir les populations les plus modestes. En effet, comment penser à changer sa chaudière, sa voiture, à isoler efficacement son logement, quand sa principale préoccupation est de finir le mois ? Afin de lutter contre ces inégalités, les auteurs proposent la mise en place d’un Pass climat dont chaque citoyen serait doté afin de pouvoir financer des équipements (changement du mode de chauffage, rénovation thermique du logement, achat d’un véhicule électrique…) ou ses abonnements (carte de TER…). Cette mesure progressive en fonction du niveau de revenus devrait permettre à la population dans son ensemble d’entrer dans la révolution écologique.

À l’instar de la deuxième gauche, les auteurs proposent d’aller vers une écologie du contrat. Contrairement à l’écologie par le haut, elle permet de réunir tous les acteurs d’une filière économique ou d’un territoire. Cet espace de dialogue serait idoine afin de faire émerger des solutions efficientes pour atteindre les objectifs de diminution des émissions de GES. Il faut approfondir la décentralisation afin que les collectivités locales puissent mettre en place des pratiques innovantes. Pourquoi, pour atteindre l’objectif « zéro articialisation nette » à horizon 2050, ne pas permettre aux zones dévitalisées d’accueillir de nouvelles populations afin de dédensifier les villes et de mettre en place de vrais plans « mobilités douces » dans les régions fortement urbanisées ?

La révolution obligée est une lecture riche que l’on fait d’un œil inquiet tant les défis à relever s’avèrent élevés. On ne peut qu’espérer avec les auteurs que les Européens vont totalement se mobiliser d’ici 2100 afin d’atteindre l’objectif des Accords de Paris : limiter l’augmentation de la température de 2°C par rapport au stade préindustriel. Il y va de notre avenir commun !

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