jeudi 25 avril 2024
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Le Mexique, terre d’expériences et de révolutions, 1900-1920, par Sylvain Boulouque

Ces deux livres récents évoquent le Mexique et la révolution au début du XXe siècle.
Eric Taloire, Mercenaires, anarchistes et bandits en Révolution. Des étrangers sur la terre du Mexique 1910-1917, CNRS éditions, 2021, 360p, 26€
Paco Ignacio Tabo II, Revenir à Naples, Nada éditions, 2021, 172p, 16€

Des étrangers sur la terre du Mexique 1910-1917
Pendant une décennie, le Mexique a été secoué par un des premiers épisodes révolutionnaires du XXe siècle. Eric Taloire rappelle que les noms de quelques acteurs centraux de cette Révolution ont été conservés par la mémoire collective : Franscico dit Pancho Villa, Emiliano Zappata. Plus marginalement, inventeurs d’un modèle qui est partiellement repris par Nestor Makhno en Ukraine entre 1917 et 1921, on évoque les frères Florès Magón redistribuant les terres de Basse Californie (à l’ouest du Mexique) en 1911 avant d’être arrêté et incarcéré aux Etats-Unis. 

Dans cet ouvarge, Eric Taloire explique, selon un angle d’approche original, la participation des non-mexicains à la Révolution mexicaine. Il montre ainsi que pendant cette décennie le Mexique attire des révolutionnaires – Jack London ou John Reed, par exemple. Des bandits sont aussi présents en nombre. Parallèlement, les États-Unis voulant mettre fin aux soulèvements à répétition y envoie des mercenaires. Les scènes et le phénomène sont connus, mis en bobines notamment par Sergio Léon dans Il était une fois la révolution qui met en scène la participation d’un irlandais à ce mouvement. Malheureusement, l’ouvrage néglige cette représentation alors qu’un chapitre entier est consacré au cinéma…. 

Dans le même esprit, il est exagéré d’écrire que l’insurrection magoniste est largement méconnue lorsque l’on compte ad minima une centaine d’ouvrages sur le sujet…. Et ce qui explique de fait que les liaisons entre les membres de Tierra y liberta et des IWW [Industrial Worker of the world, les wobblies] soient pas analysés et que la pratique de l’internationalisme libertaire, qui existe depuis le XIXe siècle au Mexique, n’est pas comprise. Ces erreurs entachent la lecture d’un ouvrage qui pour nombre d’aspects apporte des informations factuelles intéressantes.

Sylvain Boulouque

 Revenir à Naples
L’écrivain Paco Ignacio Tabo II est une des figures majeures de la gauche littéraire hispano-mexicaine. L’anarchisme apparaît dans quelques-uns de ses romans et de ses récits. 

Revenir à Naples raconte l’histoire d’un aller et presque retour d’anarchistes napolitains. Ces femmes et ces hommes, qui forment un groupe hétéroclite et peu classique dans l’imaginaire libertaire, arrivent au Mexique et s’installent à Veracruz dans les années 1900. Ils y fondent une communauté et participent à la vie politique du Mexique. Ils tentent, évidemment, des expériences révolutionnaires, approchant les insurgés du pays et organisant des actions aux marges de la légalité. 

Dans ce récit fortement inspiré par les contes mexicains, par les souvenirs des exilés, Paco Ignacio Tabo II met aussi en parallèle la réalité italienne. Derrière ce beau conte, il tente de proposer par la littérature une approche sociologique de l’anarchisme. Mais aussi, il cherche à définir l’idée libertaire par sa pratique. Elle repose sur le partage, la solidarité, l’entr’aide et la fidélité aux idéaux. Une belle métaphore, très richement illustrée… 

Sylvain Boulouque

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