Entre le 6 et le 9 janvier dernier, des terroristes/assassins/ islamistes radicaux, en ciblant des journalistes, des caricaturistes, des policiers, des musulmans parce que policiers, des Juifs parce que juifs, ont voulu ébranler la République au cœur en s’attaquant à la liberté d’expression, à la presse, à ses institutions et à ses valeurs. C’est également une partie de la France, de son esprit, de sa manière d’accepter le « droit à l’impertinence » – et ce, depuis plusieurs siècles – qui a été touchée. Dès les premières heures de cette séquence tragique, la mobilisation citoyenne a été crescendo. Les plus de 4 millions de marcheurs des samedi 10 et dimanche 11 janvier 2015 ont apporté une réponse claire à ceux qui escomptaient par leurs actes les terroriser et les dresser les uns contre les autres.
Le temps de l’analyse des ressorts de ce mouvement et de son impact viendra. Mais ce réflexe en lui-même et la diversité des marcheurs font événement. La participation internationale, l’apolitisme des slogans, le quasi-consensus sur le mot d’ordre « je suis Charlie » (que chacun interprète à sa façon) ont donné à ces rassemblements une couleur inédite. Aucune injonction de chanter La Marseillaise, ou d’applaudir les policiers ; chacun a manifesté de la voix, des mains, et des pieds, selon son tempérament, guidé par un seul impératif : être là , et faire nombre. Un cinglant démenti à l’apathie dénoncée ou déplorée des Français.
Les animateurs de l’OURS se sont sentis solidaires de ce mouvement et de ce qu’il exprime. Le but de notre office est
« dans une optique socialiste et une démarche humaniste et laïque, la recherche, l’étude, l’information, la publication, l’édition, la diffusion, de tout ce qui concerne les problèmes de l’Homme et de sa société, notamment aux points de vue politique, social, économique, culturel, historique ». Il nous oblige.
Nous entendons participer à notre place à l’ample débat qu’il faut mener dans toute la société française, et répondre dans nos publications aux questions difficiles qu’il pose, pour expliciter, encore et toujours, ce que sont les valeurs de la République qui permettent de dégager ce qui doit être commun dans une société diverse. Laïcité et démocratie Le combat pour la laïcité est là décisif. Pour la laïcité, telle qu’elle s’exprime dans la loi de 1905 évidemment. Non une laïcité d’exclusion, qui ignorerait les religions, mais celle qui garantit la liberté de conscience et la liberté des cultes, qui fait de la citoyenneté un espace commun, et assure la neutralité de l’État. Et dans ce grand débat – cette grande cause nationale – il faut redire ce que sont les fondements de la démocratie, qui ont une portée universelle comme le montrent les réactions internationales.
Ce débat concerne tous les Français, les croyants comme les incroyants, les Français de confession musulmane, comme tous les autres, et pris comme des individus, car il serait paradoxal, comme le soulignait Olivier Roy récemment, de leur reprocher d’être communautaristes et, en même temps, de leur demander de réagir en tant que communauté. Faisons donc un effort pour être tous républicains, en donnant leur véritable portée à nos valeurs qui ont pour source la volonté de permettre à chacun d’être libre.
Et comme nous sommes dans une démarche socialiste et humaniste, cherchons encore à tracer des perspectives qui remettent le partage et la solidarité au cœur d’un projet de société. La vie humaine n’a pas de prix. Le socialisme est égalité. La pauvreté, l’isolement, l’ignorance et l’oubli sont le terreau duquel émergent la violence et la terreur que nous rejetons. Le socialisme est éducation. Ayons donc confiance dans l’humanité. Nous continuerons à faire vivre la réflexion et l’échange.
L’OURS