lundi 13 octobre 2025
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Tribune : Les stupidités de Sarkozy, par RAYMOND KRAKOVITCH

Une réflexion menée sur les agissements de Nicolas Sarkozy, lors des élections présidentielles de 2007 et 2012, conduit à trouver ceux-ci incroyables de stupidité.

Campagne de 2007

Le ministre de l’Intérieur de Chirac aspire très naturellement à candidater à l’élection présidentielle de 2007. Mais pourquoi s’inquiète-t-il tellement des fonds nécessaires à la campagne ? Il sait très bien que l’État remboursera les dépenses des candidats obtenant plus de 5 % des suffrages, dès lors qu’ils auront respecté un plafond d’un montant suffisant pour obtenir les suffrages des électeurs. L’avance de l’argent sera assurée par l’addition des fonds du parti que dirige Sarkozy et par un prêt bancaire qui ne sera pas refusé à un candidat dont la stature est incontestable et le remboursement assuré. C’est ce qui se produira sans problème avec Hollande et Macron en 2012 et 2017.

Alors pourquoi cette attirance pour des fonds proposés par Kadhafi qui cherche, à l’évidence, à réintégrer la communauté internationale et est prêt pour cela à verser quelques millions d’euros ? Sarkozy n’ignore certainement pas que l’argent d’une origine inavouable ne peut être intégré à un compte de campagne que dans une proportion minime. Et même cette proportion pose problème, dès lors qu’elle est censée provenir de dons des militants venant aux meetings électoraux ; qui croira que ceux-ci déposent des billets de cinq cent euros à l’entrée, comme l’a prétendu, au procès, Guéant ?

Seul l’attrait compulsif pour l’argent peut expliquer les tractations auxquelles se sont livrés Guéant et Hortefeux, dont les visites à Tripoli, à la demande de Sarkozy, ont constitué l’essentiel des motifs de leur condamnation. Que sont devenus ces fonds d’origine inavouable ? Guéant a prétendu avoir loué un « grand coffre », pour y entreposer les discours de Sarkozy, qui sont évidemment publiés et ne nécessitent pas d’être cachés. Le ridicule de cette opération est absolu. Et, à présent, personne ne peut utiliser ces millions, car ce serait la preuve de leur existence fautive. On l’a vu avec la condamnation de Guéant, qui a essayé d’expliquer la somme de 500.000 euros utilisée, en prétendant qu’elle provenait de la vente de tableaux, reconnus d’une valeur infime. Quelle stupidité que cette demande de millions d’euros à Kadhafi !

Campagne de 2012

Une seconde action incroyable de Sarkozy s’est à nouveau produite en 2012. Il a dépensé, pour sa campagne présidentielle, plus de 400.000 euros, soit le double du montant autorisé. Il ne pouvait pourtant pas ignorer que cela apparaîtrait, puisque le commissaire aux comptes de sa campagne l’en avait informé. Il a dû se dire qu’une fois élu, il serait intouchable.

Mais le dossier ne disparaîtrait pas pour autant et resurgirait, à coup sûr, à la fin de la présidence. Comme il n’a pas été élu, cela a conduit, en première instance, à une condamnation d’un an de prison ferme.

D’ailleurs un autre aspect de ce considérable dépassement n’a jamais été évoqué dans la presse : s’il avait été élu grâce à cette tricherie, sa victoire aurait été malhonnête face à Hollande qui avait respecté le plafond de dépenses autorisé. La loi ne prévoyant pas d’invalidation dans le cas du président mal élu, à l’inverse de ce qui se produit pour toutes les autres élections, on aurait eu un président fautif, élu au détriment de son adversaire scrupuleux, et en contradiction avec les lois de la démocratie.

Cette preuve d’immoralité s’ajoute à celle de stupidité qui, elle, s’ajoute à celle de l’appât du gain insensé, manifestée en 2007. Les trois justifient sans doute les quelques années de prison que va subir Sarkozy, car, comme les Dalton, il a été encore plus bête que méchant.

Raymond Krakovitch

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