jeudi 3 juillet 2025
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Aux sources du socialisme écolo ?, par ROBERT LINDET

Philosophe et universitaire, Dominique Bourg s’est davantage imposé dans le monde intellectuel lié à l’écologie que dans son activité proprement politique, même si la liste Urgence écologie qu’il mena aux élections européennes de 2019 obtint un succès d’estime (1,82 % des suffrages). Les titres proposés vont de saint François d’Assise à Françoise d’Eaubonne et André Gorz.

Ce volume, confié à Sophie Swaton, philosophe et économiste à l’université de Lausanne, propose des extraits d’un texte de Charles Fourier (1772-1837), Détérioration matérielle de la planète. Publié une première fois par Victor Considerant dans La Phalange, revue de la science sociale (1847-1848), cet écrit rédigé vers 1820 fut réédité par René Schérer avec Médecine naturelle ou attrayante composée sous le titre L’écosophie de Charles Fourier (Anthropos, 2001).

Des constats inquiétants
Les extraits présentés ici sont assez courts (une quarantaine de pages), encadrés par une introduction et un commentaire de Sophie Swaton. Ils sont en effet très étonnants et suscitent à des titres divers l’intérêt. Dans un style qui paraît largement métaphorique, Fourier fait le constat d’une évolution climatique inquiétante : refroidissements, changements du niveau de la mer, recul de la couverture forestière, désertifications… Il en attribue la responsabilité à l’action humaine, celle de l’état de « civilisation » comme il l’appelle, et plaide pour un changement profond que doit apporter l’état « sociétaire » fondé sur les lois d’harmonie. Ces remarques proviennent d’observations et de lectures souvent judicieuses et constituent autant d’intuitions remarquables sur l’histoire du climat et l’influence humaine. Sophie Swaton est fondée à en montrer toute la pertinence, derrière un langage parfois déconcertant, quelques amplifications ou erreurs de jugement, mais pas toujours (le refroidissement évoqué est bien confirmé par ailleurs).

Pour une relation intelligente avec la planète
Surtout, Fourier perçoit la nécessité du combat à mener pour une relation intelligente avec une planète plus fragile que ne pouvaient l’imaginer la plupart de ses contemporains. C’est un point de départ dont nous pouvons partager les prémisses : libération et harmonisation des passions plutôt que recherche d’un ordre contraignant imposé par l’État, la religion, la propriété ou autres. Il reste alors à régler la question de la politique pour en déterminer le meilleur cheminement possible, ce qui n’est pas une mince affaire, même si de nombreux disciples de Fourier, Considerant en tête, s’y employèrent au mieux, se situant ainsi à l’origine du… socialisme politique. Que ce dernier redécouvre ses fondements écologiques n’est donc pas antinaturel.

Robert Lindet (article publié dans L’ours 542, juillet-août 2025)

Pour une relation intelligente avec la planète
Surtout, Fourier perçoit la nécessité du combat à mener pour une relation intelligente avec une planète plus fragile que ne pouvaient l’imaginer la plupart de ses contemporains. C’est un point de départ dont nous pouvons partager les prémisses : libération et harmonisation des passions plutôt que recherche d’un ordre contraignant imposé par l’État, la religion, la propriété ou autres. Il reste alors à régler la question de la politique pour en déterminer le meilleur cheminement possible, ce qui n’est pas une mince affaire, même si de nombreux disciples de Fourier, Considerant en tête, s’y employèrent au mieux, se situant ainsi à l’origine du… socialisme politique. Que ce dernier redécouvre ses fondements écologiques n’est donc pas antinaturel.
Robert Lindet

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