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L'OFFICE UNIVERSITAIRE DE RECHERCHE SOCIALISTE
 
Edouard Bernstein 1905
Édouard Bernstein, Député au Reichstag allemand

Chers Camarades,
A votre questionnaire j’ai à répondre :
I. - La thèse citée du a eu sa justification à son temps, puisque partout les ouvriers étaient alors exclus du suffrage, c’est-à-dire de toute participation à l’administration. Sauf quelque maigre support en cas de misère, ils n’étaient pas traités autrement que les étrangers. Ceci s’étant changé sous beaucoup de rapports, la thèse a au même degré, perdu de sa raison d’être. L’ouvrier, devenu citoyen aux droits égaux, a une patrie à l’indépendance et au bien-être de laquelle il doit collaborer, selon le principe de l’Internationale : pas de droits sans devoirs. Mais cette collaboration ne l’oblige pas à accepter les notions bourgeoises et chauvines de patriotisme. Les principes démocratiques, l’opposition contre l’exploitation capitaliste de l’homme par l’homme, lui défendent de regarder les questions de suprématie internationale ou de maîtrise sur d’autres peuples comme affaires de patriotisme.

Il. - De cela, il suit que les socialistes ne sauraient combattre en principe l’éducation militaire du peuple, tout en s’opposant à nombre d’institutions militaristes d’aujourd’hui qui ne sont que l’héritage de la monarchie plus ou moins féodale. Les principes socialistes et démocrates n’excluent pas une colonisation paisible de régions non occupées ou dans les mains de peuples sauvages. Ils n’excluent même pas, à mon avis, la soumission de ces peuplades. Mais ils impliquent envers eux des obligations qui ne sont pas observées, qui ne sont même pas en partie reconnues par nos gouvernements et partis capitalistes. Les causes du colonialisme de nos jours sont le plus souvent moins dans l’impossibilité de trouver un emploi utile et rémunérateur pour les citoyens du pays en cause, que dans le désir de faire de grandes fortunes par l’exploitation des peuples soumis, et par la spéculation sur des terrains, etc. Raisons suffisantes pour les socialistes de scruter avec méfiance chaque proposition de ce genre. Ils sont les gardiens naturels des droits des peuples indigènes. Quant aux répercussions économiques des colonisations, elles peuvent être très différentes. Elles peuvent, par l’augmentation de la richesse en produits, contribuer à la richesse générale de la nation colonisante ; mais elles peuvent aussi contribuer à affermir, à fortifier la classe capitaliste oisive, et par suite la gent fonctionnariste, au dommage, sous beaucoup de rapports du peuple laborieux. Raison suffisante aussi pour une opposition contre la manie colonisatrice d’aujourd’hui.

III. - Dans les relations internationales (tarifs douaniers, législation ouvrière), les socialistes ont, à mon opinion, le devoir de travailler sans cesse à l’œuvre de nouer des liens de plus en plus forts entre les nations. Ils sont le véritable parti du libre commerce des nations, de la législation internationale, des traités de paix à l’encontre des alliances diplomatiques qui, considérées au mieux, ne sont qu’un pis aller suranné et encombré presque toujours de beaucoup de dangers.

IV - En cas de guerre, les socialistes doivent faire tout leur effort à amener la paix en tant que l’indépendance de leur pays, que l’autonomie du peuple n’est pas chez eux menacée.
 

 
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