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L'OFFICE UNIVERSITAIRE DE RECHERCHE SOCIALISTE
 
Séminaire socialisme 2000-2001
SEMINAIRE SOCIALISME

La prochaine réunion de notre séminaire - initialement prévue le 7 juin - se tiendra le JEUDI 21 JUIN, DE 17 H A 19 H, au Centre Malher (Paris 1, rue Malher, métro Saint-Paul).

Nous discuterons avec Jacques Girault et Frédéric Sawicki, des actes du colloque “L’implantation du socialisme en France, 19e-20e siècle” qui viennent de paraître (sous la direction de Jacques Girault, aux Publication de la Sorbonne, 360 p., 180 F, quelques exemplaires sont disponibles à l’OURS).
Nous préparerons également le programme de la rentrée.

Brèves :
l’IEP organise, le mardi 26 juin, un colloque, à partir de travaux inédits d’étudiants, sur la Crise de la Communauté européenne de Défense (CED).
Nicolas Roussellier a entrepris une étude sur les réunions électorales à la Belle époque. Il attend toutes suggestions (fonds d’archives, presse, livres, témoignages…)
Michel Dreyfus travaille à un dictionnaire des responsables mutalistes et coopérateurs nationaux et poursuit ses travaux sur les Assurances sociales. Lui faire part de vos suggestions et/ou trouvailles.

NOTRE REUNION AVEC OLIVIER WIEWIORKA

Notre réunion du jeudi 3 mai à l’OURS a réuni une quinzaine de participants autour d’Olivier Wiewiorka, récent auteur de Les orphelins de la République, Destinées des députés et sénateurs français, 1940-1945 (Le Seuil 2001), sur le thème : Les socialistes face à Vichy, entre Résistance et collaboration
Comme nous en avions convenu avec Olivier Wiewiorka, une discussion libre s’est construite autour de son exposé, les participant l’interrompant pour lui demander une précision ou apporter leurs commentaires. Nous ne tenterons pas un résumé de la discussion, mais nous insisterons sur quelques points.
S’il a appréhendé le groupe des élus socialistes au cours de ses recherches sur les parlementaires de la Chambre élue en 1936, Olivier Wieviorka ne se présente pas comme un spécialiste de la famille socialiste. Il s’efforce donc, pour se plier à l’exercice qui lui a été proposé, d’isoler les socialistes en cherchant s’ils ont eu, au cours du vote du 10 juillet 1940, et dans leurs évolutions ultérieures, un comportement différent de celui des autres groupes.
Dans un premier temps, il présente les sources sur lesquelles il a travaillé, et notamment les archives du Jury d'honneur, présidé par René Cassin, qui a jugé le cas de tous les parlementaires survivants ayant voté les pouvoirs constituants le 10 juillet 1940. Retrouvées dans les caves du Conseil d'État, il a pu, en avant-première, les consulter, avant qu’elles ne soient déposées aux Archives nationales. Il a trouvé les actes d'accusations, des dossiers de renseignements généraux, des avis des comités départementaux de Libération et des préfets et, surtout, les mémoires en défense des parlementaires, appuyés par des attestations, toutes sources qu'il a pu croiser avec les publications scientifiques et les autojustifications publiées après la Libération. Dans ces matériaux, il s'est également intéressé aux représentations qui guident les comportements des hommes.
Le 10 juillet, les socialistes se distinguent peu. S’ils sont le groupe le plus important à refuser les pleins pouvoirs (36 sur 80 plus ceux sur le Massilia et ceux qui se sont abstenus), 90 parlementaires, soit 64 % les approuvent. Même si tout oppose le “socialisme “à Vichy d’autres “réflexes” ou d’autres référents identitaires jouent. Dans les mémoires déposés en défense, on retrouve les mêmes arguments : la désorganisation, la peur, l’absence de directive des chefs. On retrouve chez les socialistes, comme dans les autres groupes, le poids de la “géographie” : la propension au refus s’élève du Nord vers le Sud. 60 % des oui à Pétain émanent de parlementaires socialistes nordistes, d’élus qui ont été au contact de la guerre. 18 parlementaires socialistes combattant votent les pleins pouvoir. Le facteur “générationnel” n’a pas lui non plus fonctionné de façon structurante, aussi bien chez les “jeunes députés” que chez les “nouveaux élus”, a fortiori chez les “jeunes-nouveaux”.
En fait, lors de ce vote, le clivage droite gauche a joué en sourdine.
Une discussion s’est ouverte sur le silence de Blum, le 10 juillet, que de nombreux parlementaires socialistes ont mis en avant pour justifier leur vote. Ce silence, pour Olivier Wiewiorka, tient à plusieurs raisons : Blum est contesté par une partie de la SFIO qui lui reproche son bellicisme, son intellectualisme, et d’être juif. Une intervention est donc difficile sans intenter à l’unité du Parti. Son refus de quitter le territoire national tient aussi à la volonté de ne pas donner prise à une campagne sur la désertion des “politiques”. Emigrer, depuis Coblence, est marqué du sceau de l’infamie ; il ne peut que rester en France mais se trouve ligoté. On s’est interrogé pour savoir si Blum avait une politique alternative à proposer : donc sur quoi intervenir.
Le groupe ne donne pas de consigne de vote, ce 10 juillet, ce qui a sans doute désorienté des élus habitués à “obéir” aux consignes de leur parti. De nombreux parlementaires usent de cet argument.
Cette difficulté à prendre ces distances, à désobéir est sans doute un des éléments qui marque l’ancrage républicain du P.S. qui ne se revendique pas en ce instants de la Révolution, de la rupture avec les régimes.
A cet égard, Olivier Wiewiorka insiste sur le vote du 9 qui, quasi-unanime, jetait les bases d’une révision constitutionnelle.
Après le vote, face à l’État français, l’attitude des socialistes est à l’unisson de celle d’autres parlementaires : ils entérinent le fait accompli. On les retrouve, qu’ils aient ou non voté les pleins pouvoirs dans des organismes mis en place par Vichy, ou rester à leur poste de Maire (comme Thivrier, un des 80). Ils ne désertent pas le terrain pour servir de bouclier à la population, et pas laisser la place aux extrémistes. Certains reçoivent des consignes : dans le Nord, le souvenir de 1914-1918 est très présent et explique la politique de présence dans les municipalités, ce qui se jettera une suspicion sur certains élus à la Libération.
Olivier a relevé une trentaine de parlementaires socialistes ayant clairement opté pour la collaboration et beaucoup plus de résistants, même parmi les 90 qui ont voté OUI le 10 juillet 1940.
Mais il relève surtout une infinité de situations et de cas particuliers.
L’entrée dans la résistance est elle aussi plus ou moins rapide. Certains élus reconstruisent immédiatement le Parti. Mais c’est surtout la défense de Blum à Riom qui constitue un déclic pour beaucoup d’entre eux, puis la résistance au STO.
Au total, les positionnement des socialistes durant la Seconde Guerre mondiale sont apparus plus complexes, ne se réduisant pas à une simple opposition résistants/collaborateurs. Les motivations politiques, les comportements individuels s’éclairent pour l’ensemble des élus de l’Assemblée issue du Front populaire. Considérée d’un point de vue historique, celle-ci ne mérite pas la stigmatisation qui lui est attachée par sa fin tragique dans une situation exceptionnelle.
 

 
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