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L'OFFICE UNIVERSITAIRE DE RECHERCHE SOCIALISTE
 
Roger Quilliot
ROGER QUILLIOT
(1925 - 1998)


«J’aime agir et bâtir : j’ai besoin de solitude et de recul. On vit ensemble ; pour l’essentiel, on écrit et on meurt seul. La dimension de la vie publique est celle du quotidien ; car, qu’est-ce qu’un septennat électoral au regard des siècles ? La dimension de d’écriture est celle de l’intemporel, ou qui se veut tel.»
(Roger Quilliot, La Revue parlementaire, septembre 1988)

Le 17 juillet dernier, Roger Quilliot, a choisi, pour reprendre les termes d’un hommage rendu par l’association pour le droit de mourir dans la dignité, dont il était membre, « de fermer lui-même la porte du temps ». Son épouse Claire a tenté de l’accompagner dans cette mort décidée.
L’OURS perd un ami fidèle depuis 1969, qui voyait dans nos écrits un lieu de débat, une tribune libre permanente. Son attachement pour nous était resté très vivace, au point qu’il y a quelque mois encore, il continuait de déposer chez nous une partie de ses archives, ce qui constituait pour nous une reconnaissance et un encouragement à poursuivre notre action. A plusieurs reprises, il a écrit dans nos publications.
Fils d’instituteur, petit-fils de mineur et de paysan, Roger Quilliot est né le 19 juin 1925 à Hermaville, dans le Pas-de-Calais. Agrégé de lettres en 1949, il a adhéré aux Étudiants socialistes en 1946 (ou 1947, selon les documents), avant de rejoindre le RDR, Rassemblement démocratique et révolutionnaire, ce qui l’éloigne un temps du socialisme «officiel». Il baigne alors en permanence dans un milieu intellectuel. Puis il rejoint la SFIO en 1950 (ou 1951).
Un temps secrétaire de la fédération SFIO du Maine-et-Loire, il a été conseiller municipal d’Angers, entre 1954 et 1956. Il a aussi milité plusieurs années en Seine-et-Oise. C’est en 1963 qu’il s’installe en Auvergne, avec sa nomination à la faculté des lettres de Clermont-Ferrand. Mais il ne pense alors pas à une carrière politique. Élu municipal de Clermont-Ferrand en 1971, il en devient le premier magistrat en 1973, succédant à Gabriel Montpied, maire depuis la Libération, avant d’entrer au Sénat.
Plusieurs temps forts peuvent être privilégiés dans sa vie.
Roger Quilliot ne séparera jamais l’action de la réflexion. On retrouve tout au long de sa vie des traces de sa passion pour le débat intellectuel. Ainsi, au sein du Groupe d’études doctrinales de la SFIO, dans les «colloques socialistes» ou, pour une période plus récente, dans la façon dont a été préparé, puis adopté, le plan socialiste pour l’Éducation nationale, en 1977-1978.
A la charnière entre l’intellectuel et le politique, il est celui qui, en 1964, mène au nom de la SFIO (en liaison étroite avec Guy Mollet et Claude Fuzier) le débat idéologique avec le PCF via le Populaire de Paris. Dans le même temps, il s’investit à partir de 1963 aux côtés de Gaston Defferre, dans le combat de rénovation du socialisme que mène ce dernier autour du combat présidentiel. Mais il s’en sépare, ne supportant pas que le candidat socialiste, entraîné par certains de ses conseillers, ou par sa volonté propre, emploie des méthodes que la majorité de la SFIO ne peut pas accepter.
Son goût du concret aussi doit être mis en avant. Ministre de l’Urbanisme et du Logement entre 1981 et 1983, il est l’homme d’une loi fondamentale, qui régit les rapports entre bailleurs et locataires. Il conservera ensuite une action dans ce secteur comme président de l’Union nationale des fédérations d’HLM à partir de 1985. Pour lui, la politique doit être proche des gens, consciente du temps nécessaire à toute action, calme et débarrassée de tout élan missionnaire ou message prophétique.
L’homme d’écriture ne doit pas être oublié. Il est, bien sûr, le spécialiste de Camus, lui consacrant un essai en 1956, La Mer et les prisons, avant de s’atteler à l’édition des oeuvres d’Albert Camus (La Pléiade, 1962-1965). Il a publié plusieurs livres consacrés au pouvoir municipal : Une écharpe de maire, en 1981, et Misères et grandeur des maires de France, en 1997. Il est aussi l’auteur de l’Homme sur le pavois (1976), écrit avec son épouse Claire, et d’essais de réflexion politique. Ainsi : La société de 1960 et l’avenir politique de la France (1960) et La liberté aux dimensions humaines (1967). Historiens et militants n’oublieront pas son monumental ouvrage, La SFIO et l’exercice du pouvoir 1944-1958 (1972), qui reste un ouvrage de référence sur la IVe République.

Nombre d’hommes politiques sont hantés par la volonté de laisser une trace dans un autre domaine que celui de l’action quotidienne, et ils se laissent séduire par l’écriture. Peu y parviennent, au-delà de quelques écrits conjoncturels. Roger Quilliot, lui, a réussi ce challenge, homme d’action ayant bâti une oeuvre littéraire réelle et structurée, de celle qui s’édifie dans le silence et dans la réflexion.
Denis Lefebvre
 

 
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