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L'OFFICE UNIVERSITAIRE DE RECHERCHE SOCIALISTE
 
L'OURS 305 (février 2001)
L’OURS n°305
Février 2001


Sommaire

Critique de livres

p. 2 Livres en Bref :
François Chirpaz, Pascal, La condition de l’homme, Editions Michalon, 2000 128 p 59 F 8,99 e (Jean-Pierre Fléchard)
Henry Ghilo, De Latché à Cintegabelle, Scripta (14 place Gambetta, 56000 Vannes) 2000, 254 p, 100 F (RL)
André Héléna, Le cheval d'Espagne, e/dite noir, 160 p, 78 F, 11,89 e (SB)
Franscico Martinez-Lopez , Guérillero contre Franco, La Guérilla antifranquiste au León, (1936-1951), Syllepse, 2000, 174 p, 85 F, 12,96 e (SB)
Les coups de Cœur de Pierre Ysmal : (Pétillon, L’enquête Corse, Albin Michel ,2000, 52 p ; Jean Michel Rosenfeld, Je poursuis le chemin, Editions de l’Amandier, 96 p, 90 F, 13,72 e)

p. 3 Actualité
Un vrai plaidoyer pour la Corse, par Raymond Krakovitch (a/s de Jean-Marie Colombani, Les infortunes de la République, Grasset, 2000 , 174 p, 94 F, 14,33 e)
Les dangers du multiculturalisme, par Philippe Foussier (a/s de René Andrau, La dérive multiculturaliste, Bruno Leprince éditeur 2000, 144 p , 95 F, 14,48 e)

p. 3 Biographie
Un curé en terre d’Islam par Pierre Pellissier, (a/s de Jean-Jacques Pérennès, Pierre Claverie, Un Algérien par alliance, Cerf, 2000, 391 p, 140 F, 21,34 e)

p. 4 Société
Le cinq à sept ou les trois huit !, par Jean-Michel Reynaud (a/s de Shere Hite, Les femmes, les hommes, le boulot, Les Echos Editions, 2000, 272 p, 145 F, 22,11 e)
Stéréotypes et identités nationales, par François Lavergne (a/s de Jean-Noël Jeanneney (dir.), Une idée fausse est un fait vrai, Les stéréotypes nationaux en Europe, Odile Jacob, 2000, 229 p, 140 F, 21,34 e)

p. 4 Essais
Gauche Toujours ! par Frédéric Cépède (a/s Serge Halimi, Quand la gauche essayait, Arléa, 2000 546 p, 75 F, 11,43 e)

p. 4-5-6 Histoire
La force de l’événement, par Danielle Tartakowsky (a/s de Thomas Bouchet, Le roi et les barricades, une histoire des 5 et 6 juin 1832, Seli Arslan, 2000, 218 p, 145 F, 22,11 e )
Quand la Martinique virait rouge !, par Denis Lefebvre (a/s de Jacques Adélaïde-Merlande, Les origines du mouvement ouvrier en Martinique 1870-1900, Karthala, 2000, 236 p , 130 F, 19,82 e)
A la recherche des modérés par Robert Lindet (a/s de François Roth (dir.), Les modérés dans la vie politique française (1870-1965), Presses universitaires de Nancy , 2000, 534 p, 270 F, 41,16 e)
Un voyage au pays des utopies, par Sylvain Boulouque (a/s de Yolène Dilas-Rocherieux, L’utopie ou la mémoire du futur, De Thomas More à Lénine, Le rêve éternel d’une autre société, Robert Laffont 2000 407 p , 159 F 24,24 e)

p. 6 : Témoignages
Descente aux Enfers, par Pierre Lauxérois (a/s de Victor Klemperer, Journal, Mes soldats de papier (1933-1941), Je veux témoigner jusqu’au bout (1942-1945), Le Seuil 2000, t1 792 p, 180 F, 27,44 e, t2 1054 p, 210 F, 32,01 e ,
Dans l’ombre du général, par Martine Pradoux (a/s de Claude Bouchinet-Serreulles, Nous étions faits pour être libres, La Résistance avec de Gaulle et Jean Moulin , Grasset, 2000, 401 p, 135 F, 20,58 e)

p. 7 : Histoire culturelle
Les Hussards à l’école de la désinvolture, par Claude Dupont (a/s de Marc Delambre (dir.), Les Hussards, Une génération littéraire, Presse de la Sorbonne Nouvelle, 2000, 326 p, 140 F, 21,34 e)
La Belle Époque dans tous ses dessous, par Gilles Candar (a/s de Géraldi Leroy et Julie Bertrand-Sabiani, La Vie littéraire à la Belle Époque, PUF, 2000, 384 p, 158 F, 24,09 e,)

p. 8 : Histoire militaire
Les Israéliens et la guerre de Suez, par Denis Lefebvre (a/s de Motti Golani, La guerre du Sinaï 1955-1956, Éditions du Rocher, 2000, 342 p, 135 F)
La bombe française, de A à H, par Daniel Mitrani & Jean-Noël Sorret (a/s de André Bendjebbar, Histoire secrète de la bombe atomique française, Le Cherche midi éditeur, 2000, 397 p, 138 F, 21,03 e)

Cinéma
p. 7
Tragédie Cauchoise, par Maurice Braud (a/s de Selon Matthieu, de Xavier Beauvois, Fr 2000 1 h 40 avec Benoît Magimel)
 
L'article du mois
Les Israéliens et la guerre de Suez

MOTTI GOLANI
La guerre du Sinaï 1955-1956
Éditions du Rocher 2000 342 p 135 F


L’affaire de Suez aurait-elle encore des secrets à dévoiler ? Peut-être, au vu d’un nouveau livre qui vient de lui être consacré, rédigé par un chercheur israélien, qui a bénéficié dans son pays de documents inédits à ce jour. Auteur d’un ouvrage sur cette même affaire publié en 1996 (L’affaire de Suez, Bruno Leprince Éditeur), Denis Lefebvre revient sur cette période controversée, et souvent caricaturée, de notre histoire contemporaine.

L’auteur du présent livre, Motti Golani, est professeur à l’université de Haïfa. Il appartient à ce courant des " nouveaux historiens qui fait parler de lui en Israël depuis quelques années, regroupant des chercheurs-citoyens qui entendent ne plus prendre pour argent comptant toutes les actions entreprises au nom de la sauvegarde du sol sacré de la patrie, ou tout au moins leur réécriture. Avec l’affaire de Suez, Golani s’attaque à un des mythes fondateurs.
Pour lui, les événements de l’année 1956 - la nationalisation en juillet 1956 par Nasser du canal de Suez et ses conséquences - s’inscrivent dans une menace plus générale contre Israël. Pour mieux comprendre, il remonte dans le temps, se limitant cependant à l’année 1955, qui permet de comprendre les prémices de ce drame. Les menaces et pressions se multiplient alors, tandis que l’URSS et ses satellites soutiennent directement l’Égypte, notamment par le contrat de fourniture d’armement égypto-tchécoslovaque de septembre 1955.
L’État hébreu est alors bien isolé sur le plan international, et ne réussit pas à faire entendre sa voix. On le mesure au travers des négociations menées à la même époque entre ce pays et la France pour obtenir du matériel d’armement. Les négociations s’enlisent, vraisemblablement sur pression des États-Unis. Mais les données changent à partir du début de 1956. Comme l’écrit l’auteur, " Grâce à la stabilité politique suscitée par l’arrivée au pouvoir du gouvernement socialiste de Guy Mollet, les longues et difficiles négociations avec les Israéliens aboutissent enfin. Les ministres français de la Défense et des Affaires étrangères décident alors qu’il ne faut plus tenir compte des avis américains sur les ventes d’armes. Surtout, l’année 1956 voit l’arrivée au pouvoir en France d’amis d’Israël. Motti Golani établit par exemple que les " véritables accords de grande portée, aux conséquences militaires importantes, sont conclus avant la crise de Suez. Ils constituent le cadre de la coopération opérationnelle entre la France et Israël.
La crise de Suez et ses conséquences constituent bien sûr l’essentiel de ce livre passionnant.

LA COMPLICITE FRANCO-ISRAELIENNE
Motti Goldani revient sur la période qui a précédé les opérations militaires, et la mise en place d’une triple alliance, entre la France, Israël et la Grande-Bretagne, dont le maillon faible était le lion anglais. Anthony Eden ne pouvait être suspecté de doute, mais il était bien seul dans son pays, bien minoritaire dans son gouvernement. En découlent des hésitations, tergiversations, dès le début, au-delà d’une condamnation de principe. Tout autre est la situation en France, mis à part l’extrême droite et le Parti communiste, ou les hauts fonctionnaires du Quai d’Orsay. Avec finesse et fermeté, Christian Pineau saura laisser ces derniers dans l’ignorance. Quant au Parti socialiste, il soutient la politique menée par la France à sa quasi-unanimité.
On savait tout cela à travers les études publiées en France et en Grande-Bretagne, on le mesure maintenant côté israélien, avec cet ouvrage passionnant. A travers les journaux intimes des protagonistes israéliens, ou les notes échangées avec leur gouvernement, on mesure combien ils ont souffert de ces hésitations jusqu’au dénouement final. Motti Golani nous brosse tout cela avec maestria, comme il ne nous cache rien de l’aspect militaire de cette crise, qu’il ne faut pas oublier, avec la victoire foudroyante des Israéliens. L’auteur revient sur le rôle exact joué par la France durant toute cette action. Mais il s’interroge aussi sur le but final de cette guerre : avait-elle, finalement, été imposée à Israël par ses ennemis, ou bien provoquée sciemment par la jeune nation ? Le lecteur jugera, au vu des analyses de Goldani. On pourrait bien sûr ajouter une autre question, précisant la précédente. Se sachant menacé à terme (nul ne peut contester cela, aujourd’hui), l’État hébreu a-t-il profité d’une situation internationale bien définie (crise née de la nationalisation du canal) et d’une conjoncture plus favorable pour lui (relations privilégiées avec la France du gouvernement Guy Mollet) pour desserrer l’étau qui l’étouffait ?
Motti Golani nous offre un livre majeur, qui ne contredit en tout cas pas la thèse avancée sans relâche par Guy Mollet : la guerre de Suez a permis de sauver Israël. Plus même, elle a posé le problème de l’existence de ce pays en de tels termes que plus jamais personne ne pourrait en envisager la disparition.
Un livre à lire, à conserver. On regrettera seulement une " quatrième de couverture un peu… racoleuse qui remet cette affaire de Suez dans les filets de l’impérialisme colonial, et de ses ultimes manifestations. C’est un peu trop facile. Surtout, ce débat n’apparaît pas aussi crûment dans le livre de Motti Golani qui entend évacuer tout jugement tendancieux. Alors, une interprétation de l’éditeur, voire du traducteur de cet ouvrage, Paul Gaujac, pourtant spécialiste reconnu de cette période ? C’est regrettable.
Denis Lefebvre
 

 
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