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L'OFFICE UNIVERSITAIRE DE RECHERCHE SOCIALISTE
 
Editorial d'Alain Bergounioux, RS 19
Ce numéro de l’été 2002 est un peu particulier, et veut être le premier maillon d’une réflexion collective à poursuivre dans de multiples directions. Entre histoire et actualité, nous invitons nos lecteurs à s’inscrire dans une discussion à plusieurs niveaux sur le socialisme aujourd’hui.

Une grande partie de ce numéro de Recherche socialiste est consacrée aux actes de la table ronde sur " Le socialisme en banlieue nord et nord-est de Paris de 1975 à nos jours ", organisée par l’Association histoire et mémoire ouvrière en Seine-Saint-Denis, animée par notre ami Jacques Girault. Notre office avait été très impliqué dans cette manifestation, et nous sommes heureux d’en publier dans un délai raisonnable les communications.
Cependant, si nous sommes toujours très présents sur le terrain de la recherche historique (en témoigne la nouvelle rubrique " recherches " de ce numéro, avec les articles de Thierry Holh, esquisse d’une biographie de Paul Faure, secrétaire général de la SFIO dans l’entre-deux-guerres, et de François Lafon, sur les travaux actuels concernant l’Église face au nazisme), nous ne négligeons pas non plus la réflexion sur les événements récents.
Comme il est naturel, des débats agitent la gauche aujourd’hui sur les raisons de son échec à l’élection présidentielle et aux élections législatives et sur la façon de retrouver les voies d’un dialogue constructif avec la société pour offrir une alternative crédible aux seules lois du marché. Ils ne peuvent laisser indifférente une association comme la nôtre qui depuis sa création se situe dans le champ de la recherche et de la confrontation d’idées.

L’ours et les débats de la gauche
En relançant notre revue en 1997 – au moment où une " expérimentation hasardeuse " permettait aux socialistes de rebondir après la cuisante défaite aux législatives de 1993, et à Lionel Jospin, dont la campagne présidentielle de 1995 avait été le point de départ d’une nouvelle démarche, d’accéder à Matignon – nous nous inscrivions dans cette tradition d’interrogation, de confrontation entre les discours et les actes, et d’analyse des expériences en France et en Europe. Nous évoquions le rapport toujours nécessaire pour les socialistes à ce que l’on nommait autrefois la " doctrine ". Mais, surtout, nous tenions à réaffirmer, comme l’écrivait Pierre Guidoni, que " le socialisme démocratique n’est pas une auberge espagnole où chacun trouve ce qu’il a apporté. Ce n’est pas non plus une improvisation permanente, réinventée chaque matin, au gré des phénomènes de mode et des mouvements idéologiques dominants dans la société ". Nous invitions à l’approfondissement.
Nous évoquions dans le numéro de mars 2002 les thèmes abordés au cours des cinq dernières années dans nos colonnes, sur notre approche thématique, mais aussi sur la nécessité de parfois répondre plus rapidement à certains événements. La période qui s’ouvre nous incite à expérimenter une nouvelle démarche sans, évidement, revenir sur ce qui fait l’originalité de nos publications.
Notre souci premier est aujourd’hui de mieux articuler nos lieux de débats et de réflexions avec nos publications, et sans doute d’aller plus loin que la juxtaposition et la mise en rapport des discours des acteurs de la gauche. S’il est toujours important de confronter les points de vue (comme nous l’avons fait avec nos partenaires des clubs de réflexion de la gauche plurielle pour réfléchir à l’avenir de cette notion1, ou sur l’Europe2, ou encore quand nous avons demandé à chacune des composantes de la majorité plurielle de présenter son projet pour la présidentielle3), il est nécessaire aussi de réfléchir à l’élaboration d’une réflexion collective.
En tête de nos statuts figure un manifeste rédigé par Claude Fuzier en 1969, qui situe à cette étape le sens de l’engagement socialiste de l’OURS. Plusieurs fois en plus de trente ans d’existence, notre office a pris position sur des questions de société. En 1984, sur les questions européennes, en diffusant un manifeste appelant à la monnaie unique et à l’unité de l’Europe4, ou plus récemment, en 1994, sur les questions de chômage et d’emploi. Dans les deux cas, les textes soumis à la discussion avaient été élaborés collectivement. Le premier, piloté par Adrien Spinetta, avait fait l’objet de discussion avec nos amis Pierre Rimbert, Henri Cerclier, Michel Cépède, Claude Fuzier… Le second, coordonné par Jean-Pierre Yonnet, avait reçu entre autres les remarques critiques de Jacques Dubois, Claude Fuzier, Maurice Braud.
Cet appel intitulé " Croissance, emploi, chômage " rappelait que :
" Les forces socialistes et progressistes ne se sont jamais limitées à la condamnation en bloc des conséquences néfastes du système capitaliste. Elles se sont notamment toujours efforcées de créer les conditions de la croissance, d’assurer un partage de la valeur ajoutée favorable aux salariés et d’humaniser les conditions de travail au niveau national comme au niveau international (à travers l’ONU, le BIT, etc.). Tel est le sens du réformisme.
Aujourd’hui, le capitalisme semble en état de contourner et de remettre en cause les garde-fous et les contrepoids qui lui avaient été imposés et paraît même capable de dégager de nouveaux profits en excluant de plus en plus de travailleurs. Ceux qui considèrent ce système comme un horizon indépassable doivent accepter de partager les miettes. Ceux qui considèrent que l’humanité peut progresser vers plus de bien-être et plus de solidarité peuvent imaginer, inventer, proposer une réponse au chômage qui parte de l’homme dans la société et non de la recherche du profit individuel. "

Il s’agissait bien en chacune de ces occasions de s’inscrire dans le débat et d’ouvrir une discussion. Nous ne nourrissions alors aucune illusion sur l’impact médiatique de ces textes. Ce n’est pas notre fonction, nous essayons, dégagés des impératifs conjoncturels, d’aller au fond des questions, loin des modes et pressions. Par contre, nous savons qu’il reste toujours une trace de nos confrontations et réflexions communes, nos animateurs impliqués pour la plupart dans d’autres structures portant le fruit de ses échanges en bien d’autres lieux.
D’ores et déjà, nous avons mis au programme des prochaines livraisons de notre revue quelques-unes des grandes questions de société auxquelles nous devons apporter des éléments de réponse :
– en septembre : " Évolution du salariat, évolution du salaire " ;
– en décembre : " L’intégration et la citoyenneté dans la société française ".
Ce sera une première réponse.

Comment réfléchir collectivement ?
Mais le " tremblement de terre " du 21 avril a secoué aussi notre association, en tant que telle, dans son mode de fonctionnement, dans ses habitudes de travail. Comme d’autres, nous avons reçu des appels et quelques visites de " jeunes " à la recherche d’un lieu de débat et d’échanges. Depuis que nous avons arrêté nos réunions des mardis de l’OURS, nous n’avons plus d’espace régulier de discussion sur l’actualité à offrir, hors les colloques, tables rondes thématiques, ou le séminaire d’" histoire du socialisme " que nous animons ou co-animons. Ce besoin ressenti de parler s’est sans doute en grande partie essoufflé depuis les législatives, mais les questions posées, elles, demeurent. Et la demande manifestée à ce moment n’était pas que conjoncturelle, elle était la traduction d’un véritable manque.
Nous n’allons pas le combler tout seuls. Mais nous pouvons participer à la réflexion commune en lançant des coopérations avec d’autres revues, des clubs et centres partageant les mêmes préoccupations, mais aussi en bousculant nos habitudes.
D’abord en invitant les membres de l’OURS et nos lecteurs à s’exprimer dans nos colonnes. Il nous paraît important que vous puissiez dans Recherche socialiste développer votre point de vue sur les événements de ces dernières semaines. Nous inaugurons donc une rubrique " Tribunes libres " ou " Débats " dans les prochains numéros. La seule contrainte est de ne pas dépasser 15 000 caractères ou 6 feuillets. Et les colonnes de L’OURS seront aussi ouvertes à ce débat. Les deux premier articles de Rémi Lefebvre et de Fabrice d’Almeida inaugurent cette tribune libre de réflexion libre.
Ensuite, il est important que nous nous saisissions collectivement de ce débat. Nous invitons donc ceux qui le souhaitent à prendre contact avec nous pour participer à un groupe de réflexion qui se réunira à l’OURS à la rentrée. Il aura pour objectif de rédiger un texte soumis à la réflexion générale – sous une forme à définir collectivement – sorte de " réponse " de socialistes à la situation présente.
Nous discuterons de la méthode ensemble, sans a priori, et solliciterons toutes celles et ceux qui veulent confronter leur point de vue dans le respect des convictions de chacun mais dans une approche socialiste. C’est-à-dire guidés par des objectifs de liberté, de justice sociale et au besoin, prêts pour les atteindre à " changer la vie ", mais avec l’idée que la démocratie est un moyen et une fin, qu’on ne peut agir sans mandat clair, et que pour obtenir ce mandat clair, il faut convaincre une majorité de la justesse de nos analyses et de la nécessité de nos actes.
C’est donc à l’ambitieux projet de réfléchir à une ligne et à une méthode pour définir ce qu’est être socialiste aujourd’hui que nous vous convions.
Alain Bergounioux


(1) L’avenir de la gauche plurielle, Recherche socialiste n°14, mars 2001.
(2) Voir le colloque organisé avec Espaces Marx en mai 2000, au Sénat : " Histoire et sens de la construction européenne ".
(3) Cf. Recherche socialiste n°17, décembre 2001.
(4) Nous avons republié ce manifeste dans Recherche socialiste n°18, mars 2002.
 

 
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