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L'OFFICE UNIVERSITAIRE DE RECHERCHE SOCIALISTE
 
L'OURS n° 309 juin 2001
L’OURS n° 309
juin 2001
Sommaire


NOTES DE LECTURE
p. 2 Livres en bref
Jean-Michel Boucheron, Carnets de prison, Arléa, 2001, 196 p, 120 F, 18,29 e (par MICHEL TAUBMANN)
Jean-Pierre Renouard, Un costume rayé d’enfer, Kiron-éditions du Félin coll. " Résistance-Liberté-Mémoire ", 2001 142 p, 98 F, 14,94 e (par JEAN-LOUIS PANNE)
Béatrice Bouvet et, Patrick Denaud, Les guerres qui menacent le monde, Edition du Félin, 2001, 141 p, 100 F, 15,24 e
Le coup de cœur de PIERRE YSMAl, Lucienne Sinzelle, Mon Malagar, Gallimard, 2001, 138 p, 85 F, 12,96 e

p. 4-5 L’ÉVENEMENT : 30E ANNIVERSAIRE DU CONGRES D’EPINAY ET 20E ANNIVERSAIRE DU 10 MAI 1981
1981-2001 : 20 ans pour un premier bilan, par ALAIN BERGOUNIOUX (a/s de Vincent Giret et Bernard Pellegrin, 20 ans de pouvoir. 1981-2001, Seuil 2001, 278 p 130 F, 19,82 e)
Des propositions aux actes, par JACQUES MOREAU (a/s de François Mitterrand, les années du changement 1981-1984, Perrin 2001, 350 p, 179 F, 27,29 e)
François Mitterrand à la télévision : une image maîtrisée, par MICHEL TAUBMANN (a/s de Les conversations avec un président, Jean-Pierre Elkabach et François Mitterrand, Antenne 2, 2001)
Livres en bref :
Pierre Mauroy, La nouvelle citoyenneté, La déclaration de politique générale, du 8 juillet 1981, Les Notes de la Fondation Jean-Jaurès, n°22 mai 2001, 148 p, 50 F, 7,6 e ; Roger Hanin, Lettre à un ami mystérieux, Grasset, 2001, 243 p, 109 F, 21,8 e ; Pierre Berger, Inventaire Mitterrand, Stock, 2001, 285 p, 110 F, 16,77 e ; Georges Dumas, Le miracle socialiste 1981-2000, L’Harmattan, 2001, 254 p, 130 F, 19,82 e ; Georges-Marc Benamou, " Jeune homme vous ne savez pas de quoi vous parlez. ", Plon, 2001, 293 p, 125 F, 19,06 e

p. 3 SOCIETE
Peuples, individus, sociétés et laïcité, par JEAN-MICHEL REYNAUD (a/s de Comment vivre ensemble ?, Colloque des intellectuels juifs de langue française, Albin Michel, 2001, 260 p, 125 F, 19,06 e, Maurice Rajsfus, Journal discordant, Fin de millénaire, Dagorno, 2001, 298 p., 120 F, 18,29 e ; Jean-Loup Amselle, Vers un multiculturalisme français, L’empire de la coutume, Flammarion, 2001, 180 p)

p. 3 SYNDICALISME
Le syndicalisme français et le salaire, par MAURICE BRAUD (a/s de Stéphane Lardy, Les syndicats français face aux nouvelles formes de rémunération. Le cas de l’individualisation, L’Harmattan " Logiques sociales ", 2000, 350 p 180 F, 27,44 e)

p. 6 : FIGURES
Le mois de mai de Léon Blum, par FREDERIC CEPEDE (a/s de Jean-Michel Gaillard, Les 40 jours de Léon Blum. Les vrais débuts du Front populaire ( avec la collaboration de Claire Zalc), Perrin, 2001, 316 p., 129 F, 19,66 e
Marquet l’épouvantable, par NOËLLINE CASTAGNEZ-RUGGIU (a/s de Pierre Brana et Joëlle Dusseau, Adrien Marquet., Du socialisme à la collaboration, Atlantica, Anglet, 2001, 286p., 120F, 18,29 e)
Les deux vies de Lucien H., par FRANÇOIS LAVERGNE (a/s de Lucien Hérard, du syndicalisme enseignant au médiateur culturel, L’engagement à l’échelle d’une vie, Les cahiers d’ADIAMOS (Association pour la documentation, l’information et les archives des mouvements sociaux), n° 2, 2000,
Chenôve, 126 p.)
Les élus de la Creuse, par GILLES MORIN (a/s de Jean El Gammal et Pascal Plas (dir.), Dictionnaire des parlementaires du Limousin sous la Troisième République, tome 1, Creuse Limoges, PULIM, 2001, 185 p )

p. 7 CULTURE
Années 50 : portraits d’époque, par RAYMOND KRAKOVITCH (a/s de Françoise Giroud, Portraits sans retouches, 1945-1955, Gallimard Folio, 2001, 427 p,
Le Sagittaire ou la lutte en éditant, par DENIS LEFEBVRE (a/s de Gérard Guégan, Ascendant Sagittaire. Une histoire subjective des années soixante-dix, Parenthèses, 2001, 427 p, 144 F, 22 e)
Feltrinelli editore, par NOËL DELOMEL (a/s de Carlo Feltrinelli, Senior service, Christian Bourgois Éditeur, 2001, 448 p, 160 F, 24,39 e)

p. 8 IMAGES
Marianne, de Brigitte à Laetitia, par ROBERT LINDET (a/s de Maurice Agulhon, Les métamorphoses de Marianne, L’imagerie et la symbolique républicaines de 1914 à nos jours, Flammarion, 2001, 200 p, 159 F, 24,24 e
Entre deux actualités cinématographiques, par FABRICE D’ALMEIDA (a/s de Sylvie Lindeperg, Clio de 5 à 7. Les actualités filmées de la Libération : archives du futur, CNRS éditions, 2000, 318 p et Augusto Sainati (dir.), La Settimana Incom, Cinegiornali e informazione negli anni ‘50, Turin, Lindau, 2001, 180 p, 28 000 L


p. 8 CINEMA
Le voleur de bicyclette à Pékin, par JEAN-LOUIS COY (a/s de Beijing bicycle de Wang Xioshuai, 2000, Chine, 1 h 53)
 
L'article du mois
DES 110 PROPOSITIONS AUX ACTES

à popos de
François Mitterrand, les années du changement 1981-1984
Perrin `2001 350 p 179 F 27,29 e

Sous la direction de Serge Berstein, Pierre Milza et Jean-Louis Bianco, le Centre d’histoire de l’Europe du XXe siècle et l’Institut François Mitterrand ont organisé en janvier 1999, un colloque intitulé " Changer la vie, les années Mitterrand 1981-1984 ", dont les actes viennent d’être publiés.

Ouvertes par un beau discours de Laurent Fabius, les séances ont été présidées successivement par Hubert Védrine, Jacques Delors, Jean-Louis Bianco, Louis Mermaz et Jack Lang. De nombreuses personnalités - notamment Pierre Mauroy, y ont participé. Elles ont été consacrées à l’examen approfondi des principaux chapitres de l’action gouvernementale pendant cette période : politique étrangère, économie, modernisation sociale, institutions, culture et communication, etc. On peut sans doute regretter que le colloque n’ait traité que de façon incidente des sujets qui ont pourtant intéressé l’opinion, tels que les rapports franco-africains (étudiés il est vrai dans un précédent colloque), les réformes du système éducatif (en dehors de la querelle scolaire), la politique agricole, les libertés publiques, voire le plan. On peut s’interroger sur la périodisation choisie : la venue au pouvoir de Laurent Fabius en 1984 marque-t-elle un tournant si prononcé ? Mais ces réserves ne doivent pas faire oublier la richesse des communications, dont la plupart sont fondées sur la consultation des archives élyséennes, ouvertes aux chercheurs par l’Institut, comme l’intérêt des débats qui les ont suivies.

UNE HISTOIRE ELYSEENNE
Néanmoins, l’usage quasi exclusif par certains de ces chercheurs des archives de l’Elysée comme source d’informations soulève quelques problèmes. Comme Jacques Delors l’a souligné avec quelque vivacité, et comme l’a reconnu René Rémond, elle aboutit en effet à une certaine surévaluation, par plusieurs auteurs, du poids des collaborateurs du Président dans la conduite des affaires publiques. Comme ce sont les seuls acteurs dont les dossiers sont étudiés, on pourrait croire que ce sont eux qui gouvernaient la France par dessus la tête des ministres. Sans doute, depuis Georges Pompidou, le poids des conseillers du Président est-il considérable en France. L’équation personnelle de François Mitterrand et l’inexpérience ministérielle initiale de la plupart des membres du nouveau gouvernement pouvaient l’accentuer. Mais pour autant on ne peut admettre que l’ensemble des administrations étaient téléguidées par les " petits marquis " de l’Elysée : l’étude des archives de Matignon et des ministères montrerait sans doute une situation plus complexe et un jeu d’interactions entre les divers centres de pouvoir, Matignon et les ministres, dont le rôle ne fut pas négligeable - mais aussi le Parti socialiste.
C’est en effet le grand absent de cette description des années 1981-1984. Il est vrai qu’après le 10 mai 1981, le Parti en tant que tel s’est trouvé relativement hors du champ décisionnel, comme l’a clairement montré le rapport d’Alain Bergounioux. Mais ses membres, notamment ceux qui avaient accédé au gouvernement et leurs collaborateurs, ne pouvaient instantanément oublier leurs combats passés. Sinon, on comprendrait mal pourquoi les préoccupations techniques des experts élyséens, vite lucides sur les dangers de la situation économique, n’ont pas été immédiatement prises en compte, même si en fait, comme l’a montré le colloque, le tournant de 1983 n’a guère été qu’un moment un peu théâtralisé dans une évolution qui a commencé bien auparavant. On oublie un peu que les " 110 propositions ", analysées par Serge Berstein, n’avaient pas pour seul objet de résoudre des problèmes immédiats : elles traduisaient aussi ce qui était, depuis Epinay, l’ambition du Parti, la " rupture avec le capitalisme ", ambition réaffirmée avec force au congrès de Metz (1979) qui vit la difficile victoire des mitterrandistes alliés au CERES sur les amis de Pierre Mauroy et de Michel Rocard. Dans la dogmatique des majoritaires du Parti, la prise du pouvoir devait à la fois ouvrir une phase de " transition " vers cette rupture, et amorcer la décrue du chômage. Comme il fut rappelé dans le colloque, celle-ci était attendue notamment des réformes de structure lancées dans les " cent jours ". Les experts qui étaient étrangers à cette dogmatique ne furent entendus que petit à petit sous l’effet des contraintes extérieures - niées auparavant - qui ont entraîné le remplacement du thème de la " rupture " par celui de la " modernisation ".

LES SOCLES DU CHANGEMENT
La " rupture avec le capitalisme " étant mise entre parenthèses, quelle a été l’ampleur du " changement " véritablement opéré durant les trois années qui ont suivi le " séisme " politique qu’a été, pour reprendre l’expression de René Rémond, l’élection de François Mitterrand ? Les réformes intervenues - qui furent nombreuses - sont-elles dans la ligne de l’évolution antérieure, qu’elles accélèrent, ou ouvrent-elles des voies absolument nouvelles ? Ont-elles " changé la vie " ? Posées par René Rémond en conclusion de ces trois journées, ces questions, à la lecture des communications, appellent évidemment des réponses contrastées.
Dans certains domaines, les changements ne sont pas considérables. C’est le cas de la politique étrangère, qui a fait l’objet d’études très approfondies dans le colloque. Comme le souligne Pierre Milza, les projets initiaux en matière de commerce des armes ou de rapports avec les gouvernements despotiques - ou avec les mouvements de libération -, ont dû être revus à la baisse. Il en va de même de la politique de défense. En matière institutionnelle, le seul changement vraiment très important, et porteur d’avenir, concerne la décentralisation.
Le constat est plus paradoxal dans le domaine de la politique économique. Selon le rapport de Michel Margairaz, les nationalisations de 1982, loin de renforcer l’étatisme ou le dirigisme, ont participé à un mouvement de libéralisation industrielle, commerciale et financière. Selon Olivier Feiertag, la gauche a pris une part essentielle dans le passage de l’économie d’endettement à l’économie de marché financier - tout ceci tendant à la fin de l’encadrement de l’économie, voire de la planification. Ainsi, la gauche a-t-elle créé les conditions d’une mutation libérale de l’économie française.
En revanche, dans des domaines comme la politique sociale, les droits des femmes ou la politique culturelle, des mutations profondes, ou des avancées significatives, ont été opérées, sur lesquelles on ne reviendra pas. Suffisent-elles à " changer la vie " ? Chacun répondra pour sa part à cette question.

Jacques Moreau
 

 
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