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L'OFFICE UNIVERSITAIRE DE RECHERCHE SOCIALISTE
 
Freitas Europe 1967
Discours de Sir Geoffroy de Freitas
Député au Communes, président de l’Assemblée consultative du Conseil de l’Europe

Voilà dix ans que fut signé le Traité de Rome. Quelle est l’importance de ce grand événement ? Comment distinguer entre les réussites dues au Traité et les déceptions que nous avons également éprouvées ? Bien qu’Européen – par foi, par conviction, par esprit politique – je dois en tant qu’Anglais modérer mon enthousiasme. Car c’est aux six pays membres des Communautés européennes, et à leurs peuples, que nous devons attribuer le mérite de ce que ces Communautés ont accompli. Je suis un « outsider », un « outsider » admiratif et amical – mais un « outsider » tout de même.
Bien sûr, nous Britanniques, nous sommes aussi Européens et appartenons autant à l’Europe que tous les autres peuples de ce continent. Notre histoire, notre économie, notre société, nos problèmes, et par-dessus tout nos amitiés l’ont clairement démontré. Le fait que nous n’ayons pu jusqu’ici participer à la grande aventure à laquelle vous avez participé depuis 1957 me donne de grands regrets. C’est non seulement une déception ressentie par beaucoup de monde en Grande-Bretagne, mais cela a également signifié que les Communautés elles-mêmes n’ont pas réussi à faire certains progrès auxquels nous aurions pu contribuer.
C’est aujourd’hui un anniversaire ; le temps des regrets est passé. C’est au contraire le moment de nous réjouir et de signaler les aspects positifs qui sont un motif d’orgueil pour le passé et bien sûr d’espoir et d’optimisme pour l’avenir. En tant que socialistes, nous sommes avant tout intéressés à voir l’établissement d’une paix durable sur ce continent si souvent déchiré par la guerre. Nous donnons également une grande priorité à une évolution économique équilibrée dont les fruits seront équitablement distribués. Vous, nos collègues des six partis socialistes de la Communauté, vous avez toujours insisté sur l’importance primordiale du facteur politique en cherchant à inscrire dans les faits et dans la politique des Communautés ces exigences socialistes.
Je veux souligner combien les socialistes ont contribué au développement d’une Europe unie grâce aux Communautés issues des traités de Rome. Il y a déjà des victoires que vous pouvez célébrer : il en est ainsi des mesures communautaires prises en faveur des moins favorisés de notre société, telles celles en faveur des ouvriers licenciés et celles prises en faveur des régions économiquement défavorisées ; il y a également l’obligation de maintenir le plein emploi.
Je connais vos grandes réussites : la plus spectaculaire est le développement du commerce et de l’économie communautaire du à la suppression des tarifs douaniers. Beaucoup de socialistes britanniques considèrent ceci comme l’un des facteurs d’unité les plus importants pour le développement du Marché commun. Il y a une prise de conscience de plus en plus grande en Grande-Bretagne, de la part de ceux qui sont aux postes de décision, des avantages que peuvent tirer les travailleurs de vos pays de ce développement. Il y a aussi une compréhension grandissante des besoins des Communautés en ce qui concerne une évolution plus dynamique dans un sens plus démocratique et plus politique. Le fait que des millions d’Européens désirent une unité de l’Europe politique nous encourage beaucoup. Nous rencontrons ce désir surtout chez les jeunes et ce sont eux qui bientôt auront les responsabilités que nous assumons actuellement.
Notre foi en la démocratie en tant que système politique et en tant que principe guidant la vie politique et sociale est inébranlable. Nous sommes tous d’accord là-dessus. C’est pourquoi nous ne pouvons logiquement exclure une partie de notre activité politique des avantages que la pensée et la pratique de la démocratie peuvent apporter. C’est dans ce sens que les Communautés européennes doivent aussi évoluer.
Ceci m’amène à signaler un danger qui existe dans l’Europe d’aujourd’hui. Sur le plan économique, l’association européenne de libre échange, c’est-à-dire les sept dont la Grande-Bretagne fait partie, a aussi contribué à l’unité européenne. Mais le développement parallèle du Marché commun et de l’AELE porte en soi le danger de la division de l’Europe en deux blocs économiques de plus en plus isolés. Je ne pense pas, très sincèrement, que ce soit là un danger sérieux et immédiat. Les membres de la zone de libre échange doivent autant que faire se peut devenir membre ou s’associer au Marché commun. C’est d’ailleurs la politique de mon gouvernement et je suis persuadé que cette politique est bonne.
Une Europe de cette dimension pourrait contribuer de façon considérable à la solution de tant de problèmes : développement de l’Asie, de l’Afrique, de l’Amérique latine, progrès des échanges de toutes sortes avec les pays communistes, augmentation du commerce mondial.
Nous ne devons pas oublier qu’un tel élargissement de la Communauté permettrait à l’Europe de concurrencer les États-Unis et la Russie dans les domaines scientifiques et technologiques – et c’est là un problème des plus urgents pour tous les Européens.
Le Traité de Rome représente le début d’une évolution. Nous avons maintenant le devoir de faire entrer dans les faits les promesses contenues dans le Traité, le développement des Communautés en dépend dans ce domaine nous ne devons pas trop nous laisser guider par le passé. Il est beaucoup plus important pour nous de tirer des leçons des réalités présentes et de fonder nos espoirs sur ces réalités. Mais surtout nous devons conserver intactes notre foi et notre confiance dans la cause de l’unité européenne.
Mes amis, nous Britanniques, nous sommes Européens. Nous sommes prêts à nous joindre à vous pour construire l’Europe. Nous voulons entrer dans votre Communauté. Comme Harold Wilson l’a déclaré en janvier dernier à Strasbourg – si nous échouons ce ne sera pas de notre faute.
 

 
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