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L'OFFICE UNIVERSITAIRE DE RECHERCHE SOCIALISTE
 
Le congrès d'Épinay 1971
LE FILM DU CONGRES DE L’UNITE DES SOCIALISTES
EPINAY-SUR-SEINE, 11, 12 ET 13 JUIN 1971


L’organisation du « congrès de l’unité des socialistes » qui se tient à Épinay-sur-Seine, au gymnase Léo Lagrange, les vendredi 11, samedi 12 et dimanche 13 juin 1971, a été confiée à une « délégation nationale ». Présidée par Nicole Questiaux, elle avait été mise en place dans les premières semaines de l’année 1971 et regroupait des représentants du Parti socialiste, de la Convention des institutions républicaines (CIR), des clubs Vie nouvelle et Objectif 72 et des socialistes « inorganisés ». C’est elle qui a fixé les modalités pratiques et le programme du congrès, retenu les motions soumises aux votes et édité les documents transmis aux membres des différentes organisations.
Dans la salle du gymnase, les tables des délégués (957 dont 800 socialistes, et 97 conventionnels) recouvertes d’un drap rouge, sont rangées dans l’ordre alphabétique des fédérations, comme dans un congrès du PS. A la tribune, le président de séance et ses assesseurs, assis derrière une grande table également drapée de rouge, font face à la salle. Au dessus d’eux, pas de slogan ou de mot d’ordre : pour symboliser l’unité en marche, une tenture rouge avec au centre un grand panneau ovale sur lequel est inscrit « Congrès de l’unité des socialistes 11-12-13 juin 1971, Epinay S Seine », vers lequel convergent trois rayons partant du centre et de chacune des extrémités de la tribune. Sur le côté gauche, légèrement en avant de la tribune, le pupitre d’où s’expriment les orateurs.

Le vendredi 11 juin
La première séance du congrès, le vendredi 11 juin au matin, est ouverte avec un peu de retard par les interventions des deux « hôtes », Gilbert Bonnemaison, maire d’Epinay-sur-Seine, et Marcel Debarge, secrétaire de la fédération de Seine-Saint-Denis qui co-président et souhaitent la bienvenue aux délégués. Nicole Questiaux, au nom de la « délégation nationale », présente ensuite son rapport.
Après discussion puis vote, le projet de règlement intérieur du congrès est adopté à l'unanimité moins deux voix et une abstention. Puis les commissions de vérification des mandats et des structures, ainsi que « le bureau de vote pour les organismes centraux » sont désignés. La séance est levée pour permettre aux différentes commissions de se réunir.
Les débats reprennent à 14 h 30, sous la présidence de Jean Baboulène. Après vote, la procédure suivante est retenue, pour le débat de politique générale et d'orientation : le temps de parole est réparti entre les motions qui sont à la base du débat. Chacune des motions répartit ensuite elle-même le temps de parole et l'ordre d'intervention de ses représentants
Les 6 motions ont les temps de parole suivants :
motion K (Objectif 72) : 45 minutes
motion L (Mermaz-Pontillon : 1 h 15
motion M (Poperen) : 1 h 05
motion O (Savary-Mollet) : 2 h 55
motion P (CERES) : 1 h
motion R (Nord-Bouches-du-Rhône) : 2 h 35
Alain Savary, premier secrétaire du Parti socialiste, ouvre ensuite le débat d’orientation qui se poursuit avec les interventions des représentants des motions parmi lesquels André Chandernagor, Louis Mermaz, Albert Gazier, Charles Hernu, Marc Wolf, Christian Pierret, Jean-Pierre Cot, Gérard Jaquet, Louis Mexandeau… (la liste de tous les orateurs du congrès est publiée en annexe) Après une interruption à 20 h 05 les débats reprennent en séance de nuit avec les discours de Denis Cépède, Maurice Blanc, Jean Battut et Christian Pineau pour se terminer à 23 h 30.

Le samedi 12 juin
La séance du samedi matin est consacrée au rapport de la commission des structures (statuts). Composée de 34 membres et chargée de la rédaction des statuts du Parti, après avoir siégé pendant 10 heures, elle a mandaté Pierre Joxe pour présenter les résultats de ses travaux. Joxe indique que la commission a adopté par 22 voix sur 34 le titre « Parti socialiste », 11 voix s’étant portées sur « nouveau parti socialiste ». L’article 2 des statuts qui déclare : « le parti socialiste adhère à l’Internationale socialiste » est finalement voté par la majorité des délégués après intervention et dépôt d’un amendement de Robert Verdier (46 696 voix pour et 10 341 contre). Nicole Questiaux, qui préside la séance, propose que tous les articles ayant fait l’objet d’un accord de la commission soient votés en bloc et que seuls les articles qui ont divisés la commissions soient débattus.
Le débat sur le mode d’élection des membres du comité directeur est au cœur de la stratégie des motions en présence. Pierre Joxe propose, au nom de la majorité de la commission des statuts, de conserver le “ statu quo majoritaire ” : élection à la majorité et garantie de représentation des minorités (2/3 de ce qu’appellerait la proportionnelle), c’est-à-dire le système adopté par la SFIO depuis 1963 et conservé par le “ nouveau ” PS entre 1969 et 1971. Le scrutin majoritaire était en vigueur à la SFIO depuis la Libération, en rupture avec le système antérieur, celui de la fondation en 1905 (proportionnelle) coupable d’avoir permis avant-guerre les excès des tendances. Les arguments avancés sont l’efficacité (une majorité), l’équité (garantie aux minorités), et un choix politique : encourager l’unification et non la multiplication des tendances.
Avec Dominique Taddéi qui dénonce les inconvénients pratiques de ce système, la majorité sortante (Savary-Mollet) propose d’appliquer la proportionnelle intégrale dès lors qu’une des motions en présence obtient la majorité (ce n’est pas le cas à Epinay) et, dans le cas contraire, une proportionnelle aménagée : la motion arrivée en tête obtient dans un premier temps ce que lui donnerait la proportionnelle intégrale, les autres motions dépassant le seuil de 10 ou 15 % (seuil laissé en suspens) se voyant attribuer les 3/4 des places que leur auraient données la proportionnelle, le reste allant à la motion arrivée en tête.
Jean-Pierre Chevènement ironise : Pierre Joxe défend les statuts de la vieille SFIO et Taddéi vante, au nom de la vieille SFIO, les avantages de ce qu’elle a toujours combattu depuis 25 ans… Il propose lui la proportionnelle au vote indicatif avec barre à 5%, un scrutin clair, la condition d’une vraie rénovation.
Le congrès décide de voter en deux temps sur le mode de scrutin : majoritaire ou proportionnelle ; et ensuite si la RP était acceptée de déterminer avec quelle “ barre ”.La RP est votée par la majorité des délégués.
Chevènement dénonce alors l’effet de la proposition Taddéi qui donnerait la majorité des sièges à une majorité relative, écraserait la motion arrivée de peu en seconde position et éliminerait celles qui n’auraient pas atteint le seuil fatidique de 10 ou 15 % ; Claude Estier appuie cette proposition : puisque la RP l’a emporté, cela ne peut être que la RP quasi-intégrale. Le congrès adopte cette solution ; ce long débat et le vote qui le conclut sont la première manifestation de la future majorité du congrès.
Après l’interruption du déjeuner, le débat sur les structures se termine par l’adoption des autres articles dans une séance présidée par Noël Josèphe (Pas-de-Calais).
Le débat d’orientation reprend ensuite sous la présidence d’Augustin Laurent. La parole est bientôt donnée à Jean Poperen, rédacteur de la motion M (Pour un puissant Parti socialiste orienté à gauche) pour 22 minutes. Interviennent, entre autres, Gaston Defferre et Claude Estier.
Jean-Pierre Chevènement, porte-parole de la motion P (Unité et rénovation pour une victoire du socialisme en 1973) qui était déjà intervenu quelques heures plus tôt dans le débats sur la proportionnelle est le dernier orateur inscrit ce samedi soir. Il dispose de 15 minutes, après les interventions de Marc Wolf, Pierre Guidoni et Didier Motchane, pour présenter les grandes orientations du CERES pour la rénovation.

Le dimanche 13 juin
La séance du dimanche matin, présidée par Georges Fillioud, est consacrée à la fin du débat d’orientation. Pierre Mauroy intervient en milieu de matinée au nom de la motion qu’il a déposée avec la fédération des Bouches-du-Rhône. François Mitterrand, pour la motion Mermaz-Pontillon, lui succède immédiatement à la tribune puis Guy Mollet, porte-parole de la motion O (Savary-Mollet), Georges Sarre, dernier orateur du CERES, s’exprimant entre les deux. Ils disposent chacun d’une demi-heure pour s’exprimer. Robert Buron est le dernier à intervenir dans ce débat d’orientation qui se termine en début d’après-midi.
Les votes interviennent ensuite. D'après les statuts adoptés, à chaque motion soumise au vote du congrès à l'issue du débat d'orientation, doit être liée la liste des candidats au comité directeur proposée par chacune des motions. Le vote sur les textes emporte donc la désignation des membres du comité directeur à la proportionnelle, sans qu'il soit possible de rayer un nom. Après diffusion des listes et des textes aux délégués, il est procédé au vote dont les résultats sont proclamés à la tribune.
L’intégralité de la dernière séance du congrès est publiée dans cette plaquette.
On ressent à plusieurs reprise à la lecture de la sténotypie de ces dernières heures de congrès la tension et l’impatience de certains congressistes. Au-delà des questions politiques, précisons que ce congrès se déroule alors qu’une grève de la SNCF menace le retour de quelques délégués chez eux.
Le congrès se termine finalement vers 20 h.

(Ce texte est tiré de la brochure préparée par la commission histoire du PS, l’OURS et la fondation Jean-Jaurès, éditée par la PS en 2001 à l’occasion du 30e anniversaire du congrès d’Épinay : commande au PS)
La sténographie originale du congrès est consultable à l’OURS.
La sténographie intégrale est mise en ligne sur le site de la Fondation Jean-Jaurès.)

Nous mettons en ligne les discours de :
François Mitterrand
Guy Mollet
 

 
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