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L'OFFICE UNIVERSITAIRE DE RECHERCHE SOCIALISTE
 
Guy Mollet et l’OURS
GUY MOLLET L’OURS
En décembre 1968, se tient l’ultime congrès de la SFIO, qui entérine les dernières décisions prises pour la fusion de la famille socialiste. La SFIO accepte de se saborder, et Guy Mollet - secrétaire général depuis 1946 - confirme à ce congrès qu’il ne sera pas candidat à un poste de direction dans la nouvelle organisation. Il avait fait part de cette décision irrévocable à quelques proches depuis la rentrée de septembre 1968. Le fragile équilibre maintenu depuis les événements de mai 1968 est cependant balayé par le référendum de 1969, annoncé début février 1969 par Charles de Gaulle, sur la réforme des régions et la transformation du Sénat. On connaît la suite, après l’échec de ce référendum : démission du président de la République, désignation par le « nouveau Parti socialiste » réuni en congrès constitutif à Alfortville en mai d’un candidat, Gaston Defferre (1). Cette désignation se fait dans la confusion la plus totale.
En revanche, le congrès entérine la création du nouveau parti, notamment par l’adoption de la nouvelle déclaration de principes, actualisation de celle de 1946. Le congrès d’Alfortville permet le rassemblement des anciens membres de la SFIO, des amis d’Alain Savary regroupés jusque là dans l’UCRG (Union des clubs pour le renouveau de la gauche), et de militants de la CIR, au grand dam des dirigeants de leur formation d’origine. La deuxième étape, celle du congrès d’Issy-les-Moulineaux, en juillet, voit l’arrivée de l’UGCS (Union des groupes et clubs socialistes) de Jean Poperen, et d’autres militants de la CIR. La majorité des membres de cette organisation conteste non seulement les orientations mais aussi la légitimité de la nouvelle organisation. Issy-les-Moulineaux se prononce pour une direction collégiale avec un premier secrétaire, à la fois porte-parole et animateur du Parti. Pendant le congrès, deux lignes politiques se sont affrontées, pour schématiser, autour d’Alain Savary et de Pierre Mauroy. Ce dernier, présenté depuis plusieurs mois comme le successeur de Guy Mollet, s’est montré défaillant sur l’orientation à gauche aux yeux de l’ancien secrétaire général de la SFIO et du courant qu’il anime. Il est battu au poste de premier secrétaire par Alain Savary, qui prend la tête de la nouvelle organisation, jusqu’au congrès d’Épinay, en juin 1971 (2).
Durant toute cette période, Guy Mollet est resté très silencieux. Dès avant Alfortville, il a quitté les locaux de la Cité Malesherbes, siège du Parti socialiste, pour s’installer au premier étage du 86 rue de Lille. Il retrouve des locaux qu’il occupe depuis 1959, ainsi présentés au début des années soixante-dix par l’écrivain Gilles Perrault : « Bel appartement parisien rue de Lille, à cent mètres de la Chambre. Une grande pièce aménagée en salle de conférences, un bureau où s’entassent les dossiers (3) ». C’est là que le secrétaire général de la SFIO a installé en 1959 un hebdomadaire qu’il venait de créer, Démocratie. A partir de 1965, cet appartement est devenu le siège de la FGDS, jusqu’à la disparition de cette organisation, fin 1968. Guy Mollet y transfère ses archives personnelles (4), une partie de sa bibliothèque. Il y installe l’OURS. S’ouvre pour lui une nouvelle phase de sa vie, qui reste certes parisienne - il continue bien sûr de se partager entre Arras et Paris -, mais il n’exerce plus aucune responsabilité nationale dans le Parti socialiste. Il n’abandonne pas pour autant son militantisme, mais se place à un autre niveau, refusant désormais toute prise de position publique sur le Parti socialiste. Paris-Match, dès le 7 juin, le présente comme « solitaire et grand muet volontaire » : il ne se départira plus de ce comportement. Certains peuvent penser que ce « départ » n’est qu’un camouflage, et qu’en réalité Guy Mollet tirera dans l’ombre les ficelles du Parti socialiste : ils se trompent. Tout juste a-t-il exprimé quelques mots sur les récents événements français, repris par le même hebdomadaire : « Les élections présidentielles ? Une péripétie. L’important, c’est la suite ». Ses commentaires politiques sur le PS, il les réserve désormais à des déclarations à la section d’Arras, ou à des conversations avec quelques amis.
Son départ est bel et bien réel. Une page est définitivement tournée.
L’OURS prime désormais tout. Depuis plusieurs mois déjà, il pensait à une telle structure, dont l’objectif est de créer une école de cadres socialistes, par un travail de longue haleine : « Il est bien dans mes projets, écrit-il à Michel May le 7 février 1969, de constituer, ou plutôt de reconstituer, une équipe de socialistes solides s’efforçant de mieux comprendre notre société et d’en tirer une autre leçon que celle des opportunistes ». Il entend y rassembler des chercheurs, des politiques travaillant dans un seul objectif : réfléchir sur le socialisme contemporain, à partir notamment de son histoire, et lui donner un corps doctrinal. Il veut constituer cette école de cadres qui a tant manqué au socialisme depuis la Libération, autour de quelques axes fondamentaux de réflexion : l’analyse du capitalisme, les répliques actuelles à lui apporter, la réponse socialiste aux problèmes de notre temps. L’OURS entend rappeler la doctrine socialiste aux militants. Cette doctrine ne change pas, seules les méthodes doivent s’adapter à l’époque, comme il l’écrira dans une circulaire, début 1970 : « Nous pensons toujours, avec Léon Blum, que ‘nous n’avons rien à changer à notre doctrine socialiste, rien à repenser, rien à réviser’, par contre, comme lui encore, nous estimons que nous devons inlassablement adapter nos méthodes d’action aux changements incessants du monde capitaliste ; d’où la nécessité, pour nous, de procéder à une analyse permanente et toujours remise en cause du capitalisme moderne. »

Notes
(1) Les résultats du scrutin seront désastreux. Gaston Defferre obtient 5,0% des voix, quatre fois moins que le candidat communiste Jacques Duclos.
(2) Pour un développement plus précis sur cette période, se reporter à l’ensemble du Bulletin du Centre Guy Mollet n°29, 1997 qui a publié un dossier complet, « Vers le nouveau parti socialiste ».
(3) Gilles Perrault, La longue traque, Jean-Claude Lattès, 1975.
(4) Guy Mollet refusera de transférer à l’OURS les archives de la SFIO, malgré les conseils de certains de ses amis. Il voyait par ce geste la continuité du socialisme. Un tel comportement mérite d’être médité au regard de ce qui s’est déroulé après le congrès d’Épinay, et de nombreuses années après…
Les premiers pas de l’OURS
 

 
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