ACTUALITE
L'OURS
PUBLICATIONS
DEBATS DE L'OURS
LIVRES DIFFUSÉS
SEMINAIRE OURS
ARCHIVES BIBLIOTHEQUE
TEXTES, IMAGES, DOCUMENTS
L'OURS Signale (colloque,
LIENS UTILES
NOUS ECRIRE
 
Nous joindre
L'OURS 12 Cité Malesherbes 75009 Paris
Tél. 01 45 55 08 60
Pour être informé de nos activités (réunions, parutions, séminaires…), laissez nous un message électronique :
e-mail : info@lours.org
 
L'OFFICE UNIVERSITAIRE DE RECHERCHE SOCIALISTE
 
Exposition/Je m'voyais déjà
Candidats présidents : en revenant de l’expo

à propos de d’exposition
Je m’voyas déjà.
L’image du candidat à l’élection présidentielle, 1848-2007

Passage de Retz 9 rue Charlot 75003
du 22 mars au 13 mai 2007
du mardi au dimanche de 10 h à 19 h

La campagne présidentielle nous offre son lot habituel d’affiches électorales des candidats en lice. Pour cette élection de 2007 nous avons droit au portrait rajeuni d’Arlette Laguiller jusqu’à celui plus ridé du leader frontiste et bien d’autres images produites pour la plupart par des agences de communication.
On peut saluer la programmation du Passage de Retz à Paris qui présente à un mois du premier tour de la présidentielle une exposition consacrée à « L’image du candidat à l’élection présidentielle de 1848 à 2007 ». Dans la présentation, le visiteur est prévenu que l’équipe en charge de l’exposition, dont Laurent Gervereau qui vient de diriger la publication du Dictionnaire mondial de l’image, « a voulu présenter une réflexion distancée, mais attendrie et souriante de ces campagnes, chacune semblable, chacune différente, d’où sort le choix d’un ou d’une Présidente. Le sujet, en fait, c’est l’image du candidat. »
La scénographie se veut originale en présentant au sol les nombreuses affiches produites de 1848, date de la première élection au suffrage universel du président de la République, à nos jours. Jouant ainsi avec le statut de l’objet « collé » sur les murs de nos villes ou sur des panneaux, la mise en scène riche de diversité atteste d’un vrai travail de recherche et de sélection. Pour preuve, les remerciements a l’adresse de centres de documentation et d’archives dont la BDIC, la Fondation Charles de Gaulle, la Fondation Jean-Jaurès, le Musée de l’histoire vivante et l’OURS.
Cependant, la présentation thématique de ces affiches divise notre rédaction.

Repères brouillés

Il est plus que regrettable que quelques confusions et maladresses viennent parasiter cette exposition. Pourquoi, en effet avoir sélectionné une affiche représentant Maurice Thorez qui ne s’est jamais présenté à l’élection présidentielle ? Que vient faire une affiche pour la diffusion de Fils du peuple dans une exposition ayant pour thème la présidence ? Et comment faut-il comprendre le fait que la seule affiche de Duclos, candidat du PCF en 1969 soit si discrète quand on sait que cette campagne électorale des communistes fut la plus importante de leur histoire, tant du point de vue du résultat que du charisme qu’exerçait alors le dirigeant Jacques Duclos ? Avoir retenu la candidate écologiste, Dominique Voynet dans la thématique « chef » est aussi plus que discutable aux côtés d’un Charles de Gaulle ou d’un François Mitterrand, de la même manière que placer Raspail et Ledru-Rollin dans la partie « Le roi » relève du contre-sens historique. La thématique « monarchie républicaine » aurait pu être retenue, notamment à l’aune de cette Ve République qui institue, elle, véritablement l’élection au suffrage universel du président de la République afin de montrer comment tous les partis traduisent graphiquement la nécessaire rencontre que le candidat doit opérer, seul, avec le peuple. Une donnée politique et communicationnelle toujours en vigueur et à longueur d’antenne ressassée.
Car, si l’exposition est une réussite par la richesse des affiches exposées, la thématique retenue (le roi, le chef, le père, le tribun) est très sommaire pour ne pas dire superficielle et parfois bavarde ou oiseuse comme « avec les vraies gens », « le prof », « l’amie », « la star ». Car si l’on peut effectivement et simplement voir en Charles de Gaulle un chef pour la France, le secrétaire général du PCF, Thorez, ne l’aura été que pour son parti. Peu convaincante aussi est la réunion des affiches d’Arlette Laguiller et d’Olivier Besancenot regroupées dans la thématique « l’ami ».
Ces thématiques discutables desservent l’exposition et cantonnent le public dans une lecture superficielle d’un corpus d’images complexes. Et, plutôt que de relayer les poncifs sur l’apparente ringardise des affiches d’hier et d’aujourd’hui, l’exposition aurait gagné à nous inciter à nous interroger sur les continuités graphiques et les ruptures dans la mise en scène de l’image. Surtout, pour ne pas en rester aux premières impressions, diffuser par l’image elle-même induisant des comparaisons liminaires et insipides, comme la similitude du sourire de Lecanuet et celui Le Pen.
Gabriel Peyrot

Le regard des autres

Dès lors que le visiteur prend au pied de la lettre le projet des organisateurs - exposer « l’image du candidat » – le parcours très libre qui lui est ainsi proposé révèle une vraie richesse. Il le conduit des affiches (très nombreuses, et quelques-unes peu connues), le support commun à toutes les campagnes, après quelques haltes devant des vitrines où trônent des objets du marketing politique (disques, stylos, pin’s, pantoufles, tee-shirt…), à une série de panneaux ilustrant quelques temps forts de cette histoire des campagnes présidentielles passées et de la prochaine, et notamment du marketing politique.
La mise en espace des affiches avec des cartels peu envahissants qui laissent le regard naviguer librement permet de pratiquer d’autres appariements que ceux proposés. Les types de candidats alors différenciés renvoient à la perception que chacun a de l’image d’un ami, d’un père, d’un chef… En refusant la chronologie pour l’exposition des affiches, c’est bien à une aventure visuelle que le spectateur est invité. La profusion des images réactive une mémoire, et invite à rester en éveil, à s’interroger sur ce qui nous est présenté. On est dans le ludique, pas dans la thèse d’histoire et fortement incité à se méfier de ce que l’on voit. Pétain, Thorez sont là pour rappeler une autre réalité de la représentation de la France ou du peuple. Ils sont des contre-modèles, présents toujours à l’esprit de ceux qui depuis s’exposent au regard et aux suffrages des citoyens.
À deux exceptions près, il nous semble qu’aucun des candidats depuis 1958 n’ose proposer l’image d’un « président », comme si l’énormité de la fonction briguée, et le statut de candidat interdisait d’endosser déjà l’habit. Superstition ? Le de Gaulle de 1965 et le Mitterrand de 1988, les sortants, peuvent jouer de ce registre d’évidence,… et gagner l’élection. Dans la campagne actuelle, Ségolène Royal sur ses tracts et affiches ose un profil plein cadre, côté gauche, regard vers l’avenir, qui n’est pas sans rappeler (dans la composition) le Mitterrand de la France unie de 1988. Cette perception est-elle partagée ? Ces images construites, imaginées pour retenir l’attention, appellent les commentaires. Il faut les discuter, comme tous les arguments de campagne.
Jeanne Paccard
 

 
© L'OURS - 12 cité Malesherbes 75009 Paris