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L'OFFICE UNIVERSITAIRE DE RECHERCHE SOCIALISTE
 
Bergounioux/Doctionnaires Gauche droite
Droites et gauches, plurielles toutes,
par ALAIN BERGOUNIOUX
à propos de
Dictionnaire de la gauche
Hélène Hatzfeld, Julien Mischa, Henry Rey (dir.)
Larousse Présent 2007 288 p 18 €

Dictionnaire de la droite
Xavier Jardin (dir.)
Larousse Présent 2007 263 p 18 €

La parution de ces dictionnaires, l’un consacré à la gauche, l’autre à la droite, permet une lecture croisée intéressante.

Ces dictionnaires offrent, en effet, plusieurs points communs. Chaque volume est précédé d’un essai synthétique pour faire le point sur la situation des forces de gauche et de droite. Une série de temps forts, autour de grandes dates historiques, le suit avant d’entrer proprement dit dans le dictionnaire. Un même parti pris de privilégier le présent – concrètement la Ve République – explique les choix effectués. Les personnalités retenues, plus encore pour la droite que pour la gauche, sont peu nombreuses et ne concernent que des acteurs de premier plan. Les figures historiques, Jean Jaurès, Léon Blum pour la gauche, Antoine Pinay pour la droite, ont moins de place que des personnalités politiques encore peu connues : 20 lignes pour Léon Blum par exemple, plus d’une page pour Jean-Luc Mélenchon, autant de lignes pour Nicolas Dupont-Aignan que pour Antoine Pinay. Mais cela tient à la volonté d’éclairer avant tout l’actualité de la gauche et de la droite. Ce sont les entrées thématiques qui constituent l’essentiel des textes, avec les partis et les mouvements, avec les principales notions et concepts, les lieux, les moments, les revues. En fait, ces deux dictionnaires ont été conçus comme une manière de rendre compte de l’histoire contemporaine des droites et des gauches.

Interrogations
Ce qui se dégage de ces deux histoires – avec en particulier les essais introductifs – est que la gauche et la droite sont dans une période d’interrogations. Les gauches ont fait difficilement, pour une part d’entre-elles, le deuil de l’idée de révolution. Le Parti socialiste n’assume pas nettement son virage social-démocrate, mais il n’en a pas moins intégré une part du libéralisme. Mais ce qui paraît plus important encore aux auteurs du Dictionnaire de la gauche, c’est la crise qui a touché le modèle ancien des partis de gauche, et des syndicats. L’expression ancienne de « mouvement ouvrier » a perdu son sens. Mais cette crise de culture et de structure a fait perdre aux principales composantes de la gauche traditionnelle l’essentiel de leurs fonctions identitaires. La grande mutation dans les deux dernières décennies, c’est l’éclatement du vote populaire qui n’est plus acquis à la gauche. Un problème d’identité se pose donc à la « gauche de gouvernement » par rapport à la droite. Mais l’extrême gauche, qui s’est largement renouvelée au détriment du Parti communiste, a un autre problème, celui de son attitude à adopter par rapport au Parti socialiste.
La droite paraît sociologiquement plus forte, mais n’en éprouve pas moins un problème d’identité. L’affadissement progressif du gaullisme par étapes successives, du « pompidolisme » au « chiraquisme », en attendant le « sarkozysme », n’a pas laissé place cependant à une domination sans partage du libéralisme. L’UMP demeure composite. La « renaissance » de l’UDF, dont l’intensité demeure à mesurer, redonne un peu de vie à la tradition démocrate-chrétienne. Il ne faut pas non plus passer sous silence la survivance d’une droite traditionaliste, avec le Mouvement pour la France de De Villiers – sans même parler de l’extrême droite qui, comme l’extrême gauche, fait l’objet d’un autre dictionnaire. La droite française demeure donc plurielle et les rapports de force en son sein sont plus fluctuants que l’on ne pouvait le penser en 2002. Des transformations organisationnelles sont également à l’œuvre avec plus de professionnalisation, et de centralisation dans des partis traditionnellement faibles. Tout paraît soumis aux stratégies présidentielles qui commandent aussi de plus en plus l’essentiel de la vie des gauches.

Idéologies
Les multiples rubriques permettent d’étayer ces diagnostics pour faire le point sur les évolutions idéologiques, le marxisme, le social-libéralisme, l’alter-mondialisme par exemple à gauche, le gaullisme, le libéralisme, la participation, à droite, sur les politiques publiques (l’emploi, les retraites, l’éducation, la décentralisation, etc.), sur les enjeux internationaux, l’Europe tout particulièrement.
Il y a évidemment quelques faiblesses et quelques insatisfactions pour le lecteur. La place faite aux intellectuels de gauche et de droite est insuffisante. Le syndicalisme – et ses grands leaders – est par trop évoqué de manière lacunaire. On peut regretter aussi que les réseaux d’influence n’aient pas assez trouvé leur place. La Franc-maçonnerie est évoquée, mais son influence n’est pas assez mise en évidence.
Au total, cependant, on aura compris que ces dictionnaires sont utiles à la compréhension de notre histoire politique. Ils sont, qui plus est, d’une lecture aisée – ce qui est un avantage supplémentaire.
Alain Bergounioux
 

 
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