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L'OFFICE UNIVERSITAIRE DE RECHERCHE SOCIALISTE
 
Alain Bergounioux, Avant propos RS 50-51
L’événement de ce numéro s’inscrit dans le thème retenu pour les Rendez-vous de l’Histoire à Blois en 2010 : « Faire justice ».

Depuis bientôt quatre ans, l’OURS et la fondation Jean-Jaurès participent aux « Rendez-vous de l’histoire » à Blois, importante manifestation qui durant trois jours en octobre, rassemble autour de débats, conférences, expositions, projections, et de stand d’éditeurs, de revues, d’associations, un large public de passionnés d’histoire. Avec la Fondation Jean-Jaurès, nous y tenons un stand pour présenter nos publications et projets respectifs, mais aussi nos travaux réalisés ensemble, les colloques et le séminaire Socialisme, et notamment les ouvrages publiés dans la collection « des poings et des roses » que je dirige avec Pierre Mauroy.

Dans le dernier numéro de notre revue, vous avez pu lire le texte de la conférence que Lionel Jospin avait faite dans le cadre des Rendez-vous de l’histoire en 2009 sur « les socialistes face à la crise du capitalisme ». Et rappelons que nous avions bâti un dossier sur les relations entre « socialistes français et travaillistes britanniques face à la construction européenne » à partir de la conférence-débat que nous avions organisée à Blois en 2008 avec sir Stuart Bell, ministre, membre du Parti travailliste, et Bernard Poignant, député socialiste européen, qui s’inscrivait dans la thématique « Les Européens » retenue à Blois cette année-là.
Le thème de ces « Rendez-vous » qui se dérouleront cette année du 14 au 17 octobre est « Faire justice » et ils sont placés sous la présidence de Robert Badinter.

Nous avons donc décidé il y a quelques mois de nous inscrire dans cette thématique en consacrant l’événement de notre revue aux « socialistes et à la justice, XIXe-XXIe ». Il sert d’une certaine façon d’introduction à la conférence que nous organisons le samedi 16 octobre (nous préciserons l’heure et lieu dès que possible) avec Henri Nallet, vice président de la Fondation Jean-Jaurès, et ministre de la Justice (1990-1992). À la question un peu provocatrice que nous lui avons posée – « Qu’est-ce qu’être un ministre de la Justice de gauche » – pour présenter sa conférence, Henri Nallet répond en guise d’introduction à son futur propos :

« La gauche, avant 1981, avait pris des engagements précis sur les rapports de l’institution judiciaire et du droit avec les libertés.
Ainsi, François Mitterrand s’était engagé à demander au Parlement l’abolition de la peine de mort, à supprimer les juridictions d’exception.
Son ministre de la Justice du début de son premier septennat, Robert Badinter, a mis en œuvre cette partie du programme présidentiel avec brio et détermination.
La première cohabitation mit fin à cette orientation libérale, déjà, ou à nouveau, au nom de préoccupations sécuritaires. Par la suite, la gauche gouvernementale dut affronter les essais d’une évolution profonde des rapports de la société avec le droit, l’institution judiciaire et la fonction sociale du juge…
Elle était mal préparée à faire face à cette véritable révolution dans la culture juridique et judiciaire française. Faute de vision d’ensemble, elle s’efforça cependant d’apporter des réponses aux aspects les plus évidents ou les plus symptomatiques de cette crise avec des succès divers. Quelle leçon tirer de ces tentatives ? Quel discours tenir à propos de cette institution centrale dans le fonctionnement de notre société, qui soit à la fois une vision conforme à des valeurs affirmées et des engagements réalisables dans les conditions sociales actuelles ? »


Rendez-vous à Blois, donc. Et nous publierons cette conférence dans un prochain numéro de Recherche socialiste.

Pour nourrir la réflexion sur « justice et socialisme », comme à son habitude, notre revue mêle réflexions sur la situation actuelle et regards d’historiens. Adeline Hazan, Marie-Pierre de la Gontrie et André Vallini pointent ici les différences d’approches sur cette question entre la gauche et la droite aujourd’hui que peut résumer le passage de Michèle Alliot-Marie de la place Beauvau à la place Vendôme, symbole et symptôme d’un ministère de la Justice inféodé à celui l’Intérieur. Face à une gauche par définition droit-de-l’hommiste et laxiste, la droite défendrait les victimes, et restaurerait la sécurité. On sait ce qu’il en est dans la réalité brute des chiffres, quand se met en place un fichage des citoyens, la multiplication des gardes à vue, et la stigmatisation des jeunes. Bref, la France a aujourd’hui un des systèmes les plus répressifs, sans que les chiffres de la délinquance baissent significativement. Plutôt que l’inflation de textes de loi (à chaque crime sa loi), c’est de moyens pour faire appliquer les textes existants dont a besoin la justice de notre pays. Leurs articles dénoncent le « populisme pénal » actuel et tracent aussi ce que serait l’action des socialistes revenus au pouvoir.
Le témoignage d’André Vallini sur les valeurs qui fondent son engagement de socialiste et l’exercice de son métier fait ici transition avec l’ensemble des contributions sur la conception de la justice d’un Jaurès (Gilles Candar), d’un Blum (Jérôme Michel) ou d’autres à un siècle de distance. Ces études situent la part des hommes et notamment des juristes, des professeurs de droit (Carlos M. Herrera) et des avocats (Gilles Le Béguec et Gilles Morin) – un métier par tout à fait comme les autres – dans la famille socialiste, une place et un rôle un peu à part, et encore mal connu. Le portrait de groupe qui se dégage mériterait d’être approfondi, car il y a là un champ de recherche encore peu exploré. Si l’Affaire Dreyfus constitue évidemment un moment fort dans la définition d’une conception de la justice et des droits de l’homme, et l’on sait le rôle qu’y jouèrent Jaurès et Blum notamment, il y a bien d’autres moments qui attendent d’être éclairés, comme l’aide aux réfugiés politiques dans les années 30, l’attitude face aux procès de Moscou, et aux procès des nationalistes marocains, tunisiens et algériens.
Cette revue, vous l’avez constaté en lisant dans les premières pages son sommaire, offre également des espaces pour d’autres articles, qui n’ont d’autres liens entre eux que celui d’approfondir nos connaissances sur l’histoire socialiste au sens très large. Recherche socialiste est ainsi, rappelons-le, ouverte à celles et ceux qui veulent nous soumettre des articles.

Enfin, un mot rapide sur un autre dossier dans la partie « Recherche » de ce numéro. Les débats déjà initiés ici sur les rapports entre « histoire et mémoire » sont d’une telle actualité que nous avons voulu aller plus loin. Les réflexions de Noëlline Castagnez, Vincent Chambarlhac et Éric Lafon sont utiles aux citoyens que nous sommes, mais aussi au diffuseur et donc « fabriquant » d’histoire… et de mémoire qu’est aussi l’OURS.
Bonne lecture, et bonnes vacances.

Alain Bergounioux
 

 
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