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L'OFFICE UNIVERSITAIRE DE RECHERCHE SOCIALISTE
 
VERGNON/CICERA/LOURS 396
LA TROISIEME VOIE BOUCHEE
Par Gilles VERGNON

À propos de :
Daniel Cirera, Social-démocratie : échec et fin d’un cycle, Note de la fondation Gabriel Péri, novembre 2009, 68 p, 7 €

Article paru dans L’OURS, mensuel de critique littéraire, culturelle, artistique, n°396, mars 2010, p. 5-6.

La fondation Gabriel Péri exprime plutôt, parmi les courants divers qui se partagent aujourd’hui les restes du communisme français, une sensibilité « unitaire », attachée à l’alliance avec les socialistes. Cette récente note entend, sous la plume de Daniel Cirera, analyser la « fin d’un cycle » décennal, marqué par la séduction qu’exerça le blairisme sur la plus grande partie de la famille socialiste, et son échec, sanctionné aux élections européennes de juin 2009 et confirmé par la lourde défaite du SPD en septembre 2009. L’auteur, sans le dire clairement, semble opter pour une définition médiane de la social-démocratie, à mi-chemin entre une définition « historique », bien connue depuis les ouvrages classiques d’Alain Bergounioux et Bernard Manin, qui fait de la social-démocratie, au-delà de toute question d’appellation, une des modalités de la famille du socialisme démocratique, organisée autour du « couple fonctionnel » entre parti et centrale syndicale et les facilités de la définition « journalistique » pour qui social-démocratie est un synonyme de « modération » (voire pire, pour ses détracteurs !), ce qui ne mange pas de pain, mais passe à côté du problème... Ainsi, il ne traite pas des socialistes d’Europe du sud (Espagne, Grèce, Italie, Portugal), qui ne relèvent effectivement pas de la social-démocratie au sens « historique » mais, tout en consacrant avec raison l’essentiel de son propos aux social-démocraties nordiques (Scandinavie, Allemagne) et britannique, intègre néanmoins le PS français dans son raison-nement, ce qui peut se discuter.
L’intérêt principal de cette brochure est de rappeler, citations à l’appui, toute l’attraction de la « troisième voie » théorisée par Tony Blair et le politologue Anthony Giddens, sur les principaux partis d’Europe du Nord, le New Labour bien sûr mais aussi le SPD avec le Neue Mitte de Gerhard Schröder et le PVDA néerlandais, mais la liste aurait pu s’adjoindre le PSP de José Socrates et le PSOE de Jose Luis Zapatero au sud de l’Europe. Pour les théoriciens de la « troisième voie », que l’auteur prend au sérieux, le socialisme (mais ce terme inclut à leurs yeux la social-démocratie « historique ») est mort en tant que doctrine et système économique alternatif, double victime de la mondialisation et de l’effondrement du bloc soviétique. Il ne resterait qu’à « réguler » au mieux l’économie de marché et à camper au « centre » de l’échiquier politique, non pas un centre géographique entre gauche et droite, mais comme « acteur central d’un espace politique libéré de l’affrontement de classe ».
On peut tomber d’accord avec l’auteur sur le fait qu’une des raisons majeures du succès de cette théorisation, encore donnée en exemple aux socialistes français après leur échec en 2002, est que rien de sérieux ne lui fut opposé, à l’exception peut-être de l’éphémère « programme de Hambourg » adopté par le SPD sous la houlette de Kurt Beck en octobre 2007, qui essayait de redéfinir les contours d’un « socialisme démocratique ». Le texte pointe bien les raisons et les formes de l’épuisement de la troisième voie, sensible depuis l’éclatement de la crise financière, mais aussi des « modèles nordiques » danois et suédois, qu’il distingue avec raison de celle-ci. Il conclut en s’interrogeant sur les marges de manœuvre pour un nouveau compromis social, mais aussi sur les capacités des socialistes à rebondir et à définir un nouvel horizon d’attente, une question qui, dit-il honnêtement, se pose aussi aux communistes et à leurs héritiers. C’est, effectivement, toute la question…

Gilles Vergnon

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