ACTUALITE
L'OURS
PUBLICATIONS
DEBATS DE L'OURS
LIVRES DIFFUSÉS
SEMINAIRE OURS
ARCHIVES BIBLIOTHEQUE
TEXTES, IMAGES, DOCUMENTS
L'OURS Signale (colloque,
LIENS UTILES
NOUS ECRIRE
 
Nous joindre
L'OURS 12 Cité Malesherbes 75009 Paris
Tél. 01 45 55 08 60
Pour être informé de nos activités (réunions, parutions, séminaires…), laissez nous un message électronique :
e-mail : info@lours.org
 
L'OFFICE UNIVERSITAIRE DE RECHERCHE SOCIALISTE
 
Vergnon / Politique européenne n°37 2012
L’Europe, histoire et mémoire à bâtir
par GILLES VERGNON

à propos du dossier « D’une mémoire européenne à l’européanisation de la mémoire » de la revue Politique européenne (n°37, 2012, 21 €) dirigé par Sarah Gensburger et Marie-Claire Lavabre.

Article paru dans L’OURS n°427 avril 2013 page 1.

La revue Politique européenne propose, dans sa livraison d’octobre 2012, un riche dossier sur la question de la nature et des modalités de développement d’une « mémoire européenne », ou, plus précisément, d’une « politique européenne de la mémoire », impulsée par les institutions communautaires. Dans leur article introductif, Sarah Gensburger et Marie-Claire Lavabre, les deux maîtresses d’œuvre du dossier, montrent clairement que depuis une dizaine d’années la « Mémoire », au sens de représentation partagée du passé, est devenue une catégorie d’action politique. Ainsi, en 2006, une décision commune du Parlement européen et du conseil a institué un programme d’action communautaire visant à promouvoir une « mémoire européenne active ».

Les difficultés de transférer à l’échelle européenne (… et pour quelle Europe : le « continent », l’Union européenne, la zone euro ?) à des fins politiques, une catégorie forgée pour l’analyse des mémoires nationales, se sont traduites dans plusieurs stratégies. Dans le texte central du dossier, « La mémoire européenne en action », Oriane Calligaro et François Foret en dénombrent trois, qui relèvent chacune d’une « zone d’historicisation » différente : le projet d’européaniser les mémoires nationales héritées des vieux États/nations, la constitution d’une mémoire spécifique du processus de construction européenne, et l’ambition de doter l’Europe-continent de son propre récit des origines, antérieur, voire supérieur à celui des États.

Lieux de mémoire
Dans le premier scénario, il s’agit de distinguer des « lieux de mémoire » susceptibles d’une double valorisation, nationale et « européenne » : ainsi, dès 1984, la Commission européenne accorde un financement à la restauration du Parthénon, « berceau de la démocratie européenne ». En 1991, le Conseil de l’Europe est à l’initiative des « Journées européennes du patrimoine », co-organisées après 1999 avec la Commission européenne. En 2007, sur proposition française, est créé un « Label du patrimoine européen » distinguant des sites comme la maison de Goethe à Francfort, la place du Capitole à Rome… ou les chantiers navals de Gdansk.

Les acteurs d’une mémoire commune
Dans le second scénario, ce sont les institutions communautaires qui suscitent, ou soutiennent des initiatives aptes à créer une mémoire commune du processus d’intégration. Cela passe par l’aide à la publication des Mémoires de Jean Monnet, vraie légende dorée de l’institution, ou la mobilisation d’historiens professionnels, comme dans ce « Groupe de liaison des historiens près la Commission européenne » créé en 1982, à l’origine de la constitution d’archives orales des hauts fonctionnaires européens.

Un grand récit
Enfin, dans le troisième dispositif, plus extérieur aux institutions, on cherche les fondements d’un « grand récit » mettant en évidence les caractéristiques d’une civilisation partagée par les peuples d’Europe, de l’héritage antique aux valeurs chrétiennes et aux Lumières. Oriane Calligaro et François Foret montrent bien les finalités communes de ces stratégies : fabriquer des « citoyens européens » comme les États auraient « fait » des nationaux au XIXe siècle, et surmonter par la mise en avant d’une histoire et de valeurs communes les difficultés actuelles et l’impopularité croissantes des institutions de l’UE. Mais ils montrent aussi l’immense « faiblesse symbolique » de l’Union, dans une région du monde qui se caractérise, sur un espace réduit, par son extrême diversité linguistique et culturelle et l’ancienneté de ses États et de ses nations. Les difficultés de constitution d’une « mémoire européenne » réellement partagée et non artificialisée renvoient aux problèmes politiques actuels, et au cours pris par la construction européenne depuis une vingtaine d’années.
La place manque pour en rendre compte, mais on trouve aussi dans ce numéro des textes particulièrement stimulants sur « les usages des musées à l’échelle européenne » (Camille Mazé), le choix des dates anniversaires de la construction européenne (H.A. Magnusson et J. Wüstenberg), et d’autres sujets encore…
Gilles Vergnon

retour au sommaire de ce numéro
 

 
© L'OURS - 12 cité Malesherbes 75009 Paris