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L'OFFICE UNIVERSITAIRE DE RECHERCHE SOCIALISTE
 
Une nouvelle étape avec Claude Fuzier
UNE NOUVELLE ETAPE, AVEC CLAUDE FUZIER
Début 1988, l’OURS est confronté à l’état de santé d’Adrien Spinetta, hospitalisé depuis plusieurs semaines. Le Bureau de l’OURS du 22 mars organise l’intérim : Jacques Dubois est chargé des finances, Claude Fuzier - vice-président - des « décisions politiques engageant l’OURS », en liaison avec Michel Cépède. Claude Fuzier se voit d’autre part confier la responsabilité de rédiger à l’avenir les éditoriaux de l’OURS.
A la fin de cette même année 1988, Michel Cépède décède des suites d’une longue maladie. Le conseil d’administration du 13 décembre 1988 rend hommage à sa mémoire. A cette même réunion, Adrien Spinetta décide de renoncer à la présidence de l’OURS, pour raisons de santé.
Pour le remplacement du secrétaire général, Adrien Spinetta, au vu du compte rendu du conseil « brosse le portrait du secrétaire général qui devrait succéder à Michel Cépède, et rappelle le rôle joué par Denis Cépède, ancien secrétaire général. Son choix personnel se porte sur Henri Cerclier pour une continuité dans la voie tracée par ses prédécesseurs. »
Décision est prise d’élire un nouveau président et le secrétaire général à la prochaine réunion du conseil d’administration, qui se tient le 17 janvier 1989. Claude Fuzier et Henri Cerclier sont élus respectivement président et secrétaire général de l’OURS. Henri Cerclier anime nos réunions du mardi, et publie chaque mois son « mot du secrétaire général » . Moins homme de parti que ses prédécesseurs, il est un militant, mais surtout au sens philosophique du terme.
Avec Claude Fuzier, présenté depuis des décennies comme un fidèle de Guy Mollet, l’OURS revient à une certaine tradition. Pour autant, nous ne retrouvons pas la phase très politique des années soixante-dix. Claude Fuzier, d’ailleurs, dans ses articles, n’évoque jamais ou presque la politique immédiate. En même temps, se continue cependant l’ouverture de l’OURS vers de nouvelles générations, démarche initiée par Adrien Spinetta. De plus en plus de chercheurs, attirés par les richesses de l’OURS, nous rejoignent, et s’investissent même dans la vie de l’Office. Ils n’ont pas connu les combats du passé. Pour autant, ils s’inscrivent naturellement dans un certain esprit maison, en toute liberté. D’autres jeunes nous rejoignent aussi, sans doute pas universitaires, eux plus attirés par les débats sur les questions de société que par l’histoire.
L’OURS continue son chemin, et aborde en 1989 son vingtième anniversaire. Dans un numéro spécial du Journal, en mai, nous reproduisons des extraits d’articles qui ont émaillé nos publications depuis 20 ans, autour de quelques thèmes : doctrine, Europe, URSS, quart monde, Marx, Beaubourg, etc. Il n’y a pas de quoi rougir de honte, à la (re)lecture de ces textes, comme l’écrit Claude Fuzier dans son éditorial :
« Certains crurent que rue de Lille allait s’installer un musée poussiéreux, géré par des conservateurs désuets et relativement sympathiques. Les quelques lignes que nous reproduisons dans ce numéro du vingtième anniversaire répondent. Qui, au cours des vingt années écoulées, a aussi aisément cassé les idoles, démasqué le superficiel ou la mode et, en somme, remis à plat tout ce qui fait notre raison d’être ?
Bien sûr, en ces temps de médiatisation, nos audaces n’ont pas été des ‘coups’. Qu’on soit rassuré, elles ne le seront pas plus demain qu’hier. Nos fondateurs nous ont appris que le fond avait plus d’importance que la forme, que la modestie devant le savoir, le scrupule devant la recherche, l’indépendance de l’esprit et l’indifférence à l’égard des idoles répondent à l’idée que nous nous faisons de l’homme nouveau tel que l’idéal socialiste peut le faire naître.
»
Ce vingtième anniversaire, nous le fêtons à Bondy, au cours d’une assemblée générale spéciale, agrémentée d’une braderie de vieux livres, et d’une ouverture vers les associations avec lesquelles nous entretenons des relations d’amitié, en leur offrant un stand pour présenter leurs publications. Egalement, nous projetons quelques vieux films, extraits de nos archives.
Quelques journaux (ainsi, Libération, avec un titre branché : « La SFIO en séance revival » ) relaient cette initiative. Mais force est de constater que la presse continue de nous ignorer, quand elle ne nous caricature pas. On le voit en juin 1990, quand Danièle Molho publie dans l’hebdomadaire le Point une page consacrée au Parti socialiste, sous le titre « Big bang dans le Parti socialiste ». Elle présente les « 23 satellites (qui) composent la galaxie socialiste », et consacre quelques lignes expéditives au « très poussiéreux Office universitaire de recherche socialiste, créé en son temps par Guy Mollet. Mais il y a belle lurette que les nouvelles vagues socialistes ne se contentent plus des études de l’OURS. »
Claude Fuzier prend sa plume :
« (...) je serais heureux de vous recevoir à l’Office, pour vous montrer ce qu’il est, et ce qu’il n’est pas. Je résume : il est un organisme strictement scientifique, se consacrant essentiellement à l’étude historique du mouvement socialiste français et au rassemblement des archives dudit mouvement. Il n’est donc pas un club de pensée à l’intérieur du Parti socialiste, ni même en marge de celui-ci. (…) Bien entendu, nous sommes ‘plutôt’ socialistes et nous n’ignorons pas l’actualité. Mais au-delà de nos opinions personnelles, nous l’abordons en cherchant à donner la parole aux acteurs et sans porter de jugement sur ce qu’ils disent. »
Les travaux de l’OURS continuent cependant, certes sous une forme classique. Nous organisons ainsi en 1990 une table ronde sur le soixante-dixième anniversaire du congrès de Tours, avec la participation de Louis Mexandeau et Jacques Girault. Nous choisissons à cette occasion d’évoquer les années 1918-1920, c’est-à-dire l’avant-Tours, pour mieux comprendre le contexte dans lequel s’est exprimé le choix des militants en décembre 1920. Nous avons consacré un Cahier à la reproduction de cette rencontre, publiant aussi les réponses reçues à deux questions sur l’anniversaire du congrès de Tours posées à certaines personnalités, Claude Estier, Laurent Fabius, Pierre Mauroy, Jean Poperen, Michel Rocard, et à deux journalistes, Colette Ysmal et Dominique Gerbaud (17).
Nous prenons parfois de nouvelles directions. C’est ainsi que l’Office et l’AFSL (Action fédéraliste - Socialisme et liberté) tiennent ensemble une journée de travail en juin 1991, sur le thème suivant : « Dialogue social européen » . Cette rencontre, due à l’initiative de Maurice Braud, réunit entre autres Jean-Paul Bachy et Marie-Claude Vayssade.
La vie à l’OURS réserve parfois aussi certaines surprises, surtout quand on s’intéresse à nos richesses. Ainsi, autour du congrès d’Épinay. En 1990, le PS nous contacte, pour nous demander un service. La sténotypie de ce congrès fondateur pour les socialistes a disparu des archives du Parti ! Nous acceptons bien volontiers de prêter l’exemplaire consultable à l’OURS - celui de Guy Mollet… - pour en assurer la reproduction. Nous n’en avions pas fini avec ce congrès. En 1991 nous sommes à l’initiative d’une publication pour le vingtième anniversaire du congrès d’Épinay ! Les « poussiéreux » molletistes livrent un Cahier et Revue de l’OURS entièrement consacré à cette page d’histoire socialiste, dont pourtant ils apparaissaient comme les « vaincus ». Nous sommes les seuls à avoir commémoré cet anniversaire, en livrant au plus grand nombre un document historique : de larges extraits de la sténotypie, les principales motions, les résultats chiffrés du congrès. Présentant cette réalisation, Claude Fuzier écrit dans son avant-propos : « Il reste que le lecteur, la mémoire rafraîchie par ce qu’il aura lu des journées d’Épinay, pourra célébrer l’événement en meilleure connaissance de cause. Car l’histoire vivante ne se confond pas avec les commémorations. » (18)
Un peu plus tard, nous organisons un débat avec l’historien Daniel Lindenberg sur les années souterraines 1937-1947, à partir d’un livre qu’il venait de publier, bousculant bien des idées reçues tant sur Vichy que sur la Résistance (19). Toutes ces rencontres - Jacques Girault-Louis Mexandeau, Daniel Lindenberg - se tiennent à l’occasion de nos assemblées générales statutaires.

NOUVELLES ADAPTATIONS DE L’OURS
Avec le début des années quatre-vingt-dix, l’OURS réfléchit à l’organisation de son travail, mais aussi à son avenir. Nous tenons par exemple à Bondy en octobre 1990, une réunion de travail sur une journée. Au vu du compte rendu, Claude Fuzier ouvre ainsi les débats :
« Il estime que nous devons à la fois survivre et nous développer.
Une génération disparaît, ou approche de la disparition, celle des fondateurs de l’OURS.
(…) L’OURS n’est pas politiquement neutre. Ne pas oublier notre « manifeste » , qui définit une orientation politique, une image du socialisme. Il faut que nous confrontions ce manifeste avec le monde qui nous environne. Il constate que ce point de notre action s’est estompé.
Il estime que nous devons constater dans nos activités un manque devant les questions de société. Nous avons été silencieux à ce propos.
(…) Il estime enfin qu’un socialiste doit être le contraire d’un orthodoxe, doit être un perturbateur. Il faut troubler l’ordre établi des mentalités.
»
En conclusion, il lance : « On a besoin de nous : démontrons-le ». Depuis sa création, mais plus encore au fil des décennies, l’OURS a été confronté au même problème.
Dans son rapport de 1990, Claude Fuzier a fait référence à une génération qui disparaissait. On le mesure dans les années suivantes. A notre assemblée générale du 4 avril 1992, Henri Cerclier déclare qu’il souhaite être relevé de son poste de secrétaire général : je le remplace, et Maurice Braud devient secrétaire général adjoint. Un an plus tard, en juin 1993, Jacques Dubois, se retire du poste de trésorier. Jean-Michel Reynaud prend sa succession. Bientôt, Suzanne Mollet se retire elle aussi.
Nous procédons aussi à un renouvellement de nos publications, après de nombreux débats. Une nouvelle formule des Cahiers sort en 1994. Nous publierons trois numéros, alternant comme à l’accoutumée thèmes historiques et contemporains. Mais nous devrons arrêter cette publication fin 1994, pour des raisons financières, et nous concentrerons sur l’OURS mensuel, qui devient désormais notre seule publication. Force est de constater que cette période est difficile pour l’OURS, notamment au niveau du nombre des abonnés et adhérents. Beaucoup d’entre eux nous quittent, faute de pouvoir disposer d’une revue leur apportant plus qu’un journal de seize pages.
Même si le renom de l’OURS s’accroît dans les milieux universitaires, même si notre bibliothèque est devenue un lieu incontournable (20), cela ne suffit pas, et nous payons notre solitude. Depuis plusieurs années déjà, nous mesurons combien le Parti socialiste a changé, comme nous d’ailleurs. L’ostracisme des années soixante-dix n’est plus de mise. Au fil des années, par nos richesses, nous avons été amenés à pallier certaines insuffisances du Parti socialiste dans le domaine des archives et de la constitution d’une bibliothèque digne de ce nom. Chacun d’entre nous est désormais conscient que le Parti socialiste nous connaît, nous respecte désormais. Notre assemblée générale de novembre 1996 à Alfortville (21) procède au renouvellement de son conseil d’administration. Trois nouveaux membres nous rejoignent : Jean-Pierre Yonnet, militant syndicaliste, Alain Bergounioux et Pierre Guidoni, membres de la direction du Parti socialiste. Comme je l’ai écrit dans l’OURS de septembre-octobre 1996, « ces entrées, après celles effectuées depuis plusieurs années, traduisent notre volonté de rajeunissement et d’ouverture en direction d’hommes et de femmes moins liés à l’histoire de notre Office et à son fondateur, Guy Mollet, mais qui participent à nos travaux depuis des années. Ils partagent l’ambition qui est la notre de réfléchir en socialistes aux données nouvelles de notre temps, indépendamment des débats des organisations politiques qui ne sont et ne seront jamais du ressort de notre office. »
Claude Fuzier, de plus en plus handicapé par la maladie, malheureusement, n’a pas pu participer à cette assemblée générale d’Alfortville. Mais je l’ai préparée avec lui. Quelques mois plus tard, le 22 janvier 1997, il décède. Ces dernières années, il avait été touché à plusieurs reprises par la maladie, et son état de santé s’était dégradé, rendant tout déplacement difficile. Mais il suivait de très près les activités de l’office, et nous livrait chaque mois son éditorial - certes avec du retard, mais cela aussi c’était Claude Fuzier ! - apprécié par tous. Il est symbolique que son dernier texte, relu quelques heures avant son décès, ait été consacré à l’avenir des socialistes…
Avec lui, nous avons perdu un ami, un homme de culture, un des fondateurs de l’OURS, qui avait toujours voulu que l’Office, espace de liberté et de réflexion, s’ancrant dans le passé pour mieux préparer l’avenir, puisse remplir un vide dans le mouvement socialiste.
Avec lui, nous réfléchissions depuis des années à l’OURS et à son avenir, convaincus que nous étions d’être arrivés à un moment de notre histoire où nous ne pouvions plus vivre seuls, alors que chacun à l’extérieur de l’OURS connaissait notre place et notre rôle (22).
Notre conseil d’administration s’est réuni quelques jours après son décès. Nous avons décidé de nous ouvrir, en toute conscience et en toute liberté, dans la ligne de ce qui avait été initié depuis plusieurs mois déjà, et de nous tourner vers la famille socialiste, notre famille, en sachant ce que nous pourrions apporter à cette famille, en sachant aussi que nous serions respectés. A l’unanimité , le conseil d’administration a choisi comme successeur à Claude Fuzier, au poste de président, Pierre Guidoni, ancien secrétaire national des Étudiants socialistes SFIO qui, entre autres responsabilités importantes, est secrétaire national du Parti socialiste aux relations internationales.
Un nouvelle étape de l’OURS s’est alors ouverte.
Denis Lefebvre

Notes
17 Cf. L’OURS cahier et revue n°196 (novembre-décembre 1990)
(18) Dans le cadre de la commémoration du 25e anniversaire d’Épinay, nous avons lancé ensuite, en liaison avec la Fondation Jean Jaurès, un projet d’édition de l’intégralité des actes du congrès, qui aurait été précédée par la reproduction d’une table ronde réunissant certains survivants. Ce projet n’a pu être mené à bien.
(19) Cf. L’OURS cahier et revue, n°203, janvier-février 1992.
(20) Au fil des années, de plus en plus de chercheurs trouvent le chemin de l’OURS, pour bénéficier des richesses accumulées, soit individuellement, soit collectivement, dans le cadre de la préparation de colloques. Nous en avons mesuré l’une des premières manifestations à l’occasion du colloque Guy Mollet, qui s’est tenu à Lille en octobre 1986. Ce phénomène s’est accentué au fil des années.
(21) Maintenant la tradition, nous avons organisé à l’occasion de cette assemblée générale une table ronde consacrée à la Guerre d’Espagne et aux Brigades internationales, animée par Rémi Skouteslky, avec la participation d’Antoine Blanca et Pierre Guidoni.
(22) Nous avons rendu hommage à Claude Fuzier dès le mois de février, « à chaud , en publiant un numéro spécial de notre Journal, reproduisant les témoignages d’un certain nombre d’amis : Pierre Guidoni, Jacques Fleury, Antoine Blanca, Claude Estier, etc. Quelques mois plus tard, le Centre Guy Mollet consacrera à sa mémoire un numéro de son bulletin, avec une esquisse biographique de ce socialiste atypique, et la reproduction de certains de ses articles (n° 30, décembre 1997).
 

 
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