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L'OFFICE UNIVERSITAIRE DE RECHERCHE SOCIALISTE
 
Guy Mollet, La mort de Khrouchtchev
GUY MOLLET
La mort de Khrouchtchev
Journal de l'OURS de septembre 1971.
Que les amis de l'OURS se rassurent : je ne vais pas tenter à mon tour un récit de la vie de Khrouchtchev et jouer à l'historien ou au chroniqueur. Comme pour tous ceux qui ont agi, il y a place pour l'éloge et pour le blâme. Je ne vais pas non plus commenter longuement les conditions de ses obsèques : elles sont dans l'ordre des choses. Dix ans d'intervalle, et M. K. aurait eu droit au mausolée et aux dithyrambes. Aujourd'hui, même et surtout ceux qui lui doivent beaucoup étaient absents. Pour ceux qui rêvent d'avoir un bel enterrement, il faudrait choisir l'heure de sa mort.
Ce que je veux simplement dire, c'est ma conviction que l'histoire du mouvement ouvrier retiendra le nom de Nikita Khrouchtchev. Son nom restera lié à deux prises de position dont les répercussions peuvent être grandes :
- la "coexistence pacifique"
- et la "déstalinisation".
Il est impossible, d'ailleurs, de séparer totalement ces deux attitudes. Même si elles apparaissent prises l'une pour la politique extérieure, l'autre pour la politique intérieure, chacune a ses incidences sur l'autre.
Pour mieux mesurer le chemin parcouru, je voudrais essayer de présenter, en raccourci, ce que pouvait être la conviction de Staline.
"L'URSS est la patrie du communisme : pour sa réalisation complète, nous sommes prêts à tous les sacrifices, fût-ce celui de plusieurs générations.
"L'URSS est aussi la patrie des travailleurs du monde entier. Pour libérer ceux-ci, tous les moyens sont bons, y compris la guerre qui devient alors une guerre juste.
"Les puissances capitalistes se sentant menacées se font menaçantes et organisent notre encerclement. Il faut être à chaque instant prêt à repousser leur assaut. A cette fin, il faut savoir sacrifier la liberté à la patrie et le beurre aux canons. Nous ne pouvons nous offrir le luxe de la démocratie et du mieux-être, nous n'avons pas besoin d'un parti qui délibère mais d'une armée prête au combat et d'un parti qui en soit la chevalerie".
Si j'ai trahi la volonté de Staline en la résumant ainsi, on voudra bien m'accorder que ce n'est pas en la noircissant.
Or, dans la période qui suit la mort de Staline, deux constatations s'imposent aux dirigeants soviétiques : ce qui ne devait être que rigueur imposée par la menace extérieure est devenu une véritable terreur, intolérable pour tous et menaçant chacun, si haut placé qu'il fût. De son côté, la menace extérieure semble bien moins évidente qu'il n'était dit : les Etats du monde capitaliste se sont, certes, organisés contre toute menace d'expansion soviétique, mais ils semblent bien être sur la défensive et non se préparer à l'offensive.
Khrouchtchev, quels que soient les motifs qui l'animent, se fait l'interprète de ces courants de pensée : c'est le 20e Congrès, c'est la dénonciation du culte de la personnalité, la condamnation de la terreur et la déstalinisation.
Puis vient l'annonce de la coexistence pacifique. Peut-être parce que l'URSS détient à son tour, depuis plusieurs années déjà, la bombe H, Khrouchtchev mesure mieux les risques monstrueux que faire courir au monde entier la guerre nucléaire. Il se convainc qu'une guerre atomique ne libèrera plus personne mais anéantira tout. Il en tire cette conclusion qu'il nous confiera un jour :
"La bombe atomique n'adhère pas au principe de classe". A ses yeux la guerre, si elle est nucléaire, n'est plus ni juste ni injuste puisqu'elle tue sans discrimination les uns et les autres.
Voici les deux grandes décisions prises : déstalinisation et coexistence pacifique. Elles devaient susciter dans le monde entier une énorme surprise et chez beaucoup un grand espoir.
Khrouchtchev est mort. L'espoir qu'il avait fait naître subsiste. C'est pourquoi les adversaires du "personnalisme" et les partisans de la coexistence pacifique peuvent saluer sa mémoire.
 

 
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