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L'OFFICE UNIVERSITAIRE DE RECHERCHE SOCIALISTE
 
Le Bot / Loubes, Jean Zay L'OURS 429
Jean Zay, l’homme-République,
par FLORENT LE BOT

à propos du livre d’Olivier Loubes, Jean Zay. L’inconnu de la République, Armand Colin, 2012, 285 p, 19,80 €

Article paru dans L’OURS n°429, juin 2013, page 1.


Ce livre est indispensable. Il rappelle ce que la République doit à Jean Zay, ce que nous lui devons tous : combats pour l’humanisme et contre le fascisme, pacifisme tempéré par le sens des réalités géopolitiques, démocratisation de l’école, de la culture, du sport, développement de la recherche scientifique. Jean Zay, une figure trop longtemps délaissée par l’historiographie. Ce livre répare de belle manière.

La vie et le parcours de Jean Zay sont trop souvent résumés à quelques dates. Né le 6 mai 1904, assassiné le 20 juin 1944 par des miliciens, il est ministre de l’Éducation nationale et des Beaux-Arts sans discontinuer du 4 juin 1936 au 13 septembre 1939. Sa condamnation le 4 octobre 1940, par un tribunal militaire, aux ordres de Vichy, à la dégradation militaire et à la déportation, entre en résonance avec la condamnation tout aussi inique du capitaine Dreyfus. Jean Zay est un mythe républicain puissant : sa jeunesse orléanaise, son engagement républicain, à la gauche du Parti radical, militant précoce pour le rassemblement de Front populaire, soutien de Blum durant les mois de son expérience gouvernementale, puis maintenant sa ligne politique dans des gouvernements Chautemps et Daladier qui ne sont plus de Front populaire. En novembre-décembre 1938, il est placé plus d’une fois en situation de démission et Léon Blum, entre autres, l’en dissuade afin de maintenir au sein du gouvernement une voix discordante. À la suite de novembre 1938, il refuse d’ailleurs d’appliquer aux enseignants les mesures de mise à pied pour fait de grève interdite.

La démocratisation de l’école
Olivier Loubes bénéficie, pour ce livre, du dépôt et du classement des archives familiales Jean Zay aux Archives nationales. Par son intermédiaire, nous avons accès aux cahiers d’un écolier dont le père est au front, aux discours qu’un jeune homme, entré en politique à 18 ans, prononce devant de multiples assemblées, aux fiches qu’il rédige au long de sa carrière d’avocat, de député, de ministre, pour défendre – plaider – d’une voix ferme et forte ses convictions. Jean Zay, pour Loubes, est l’égal de Ferry. Si ce dernier a fondé l’école républicaine, Jean Zay a permis sa démocratisation. La réforme Berthoin de 1959 (consolidée en 1963 et 1975) qui met fin à la distinction entre les ordres d’enseignement (le primaire, le secondaire, le technique) et qui fonde l’école unique, trouve son impulsion initiale dans les mesures prises par Jean Zay, sous forme de décrets, d’arrêtés, de circulaires et d’expérimentation.

Il faudrait aussi évoquer les initiatives qui vont conduire à la création du CNRS, de l’ENA et à l’institution du festival de Cannes, réponse à la Mostra fasciste. C’est un ministre pragmatique qui contourne les blocages politiques, empêchant par exemple le vote de lois qui auraient couronné son action, en inscrivant celle-ci dans les faits. Un homme courageux aussi qui fait face à la haine se déversant sans discontinuer sur lui.

Jean Zay, avec Blum, a cristallisé sur sa personne toute la haine hideuse de l’extrême droite qui se déchaîne contre lui du fait d’origines juives et protestantes, à cause de son engagement en franc-maçonnerie et pour la laïcité qu’il promeut, du fait surtout de son républicanisme qu’elle exècre par-dessus-tout. L’extrême droite peut bien éructer, ce sont des hommes de la trempe de Jean Zay qui construisent notre cité. Le crachat de Céline à la face du ministre, dans L’école des cadavres (1938), son « Je vous Zay » contre le « négrite juif Jean Zay », ne souille que son auteur.

Le livre d’Olivier Loubes dit l’importance de l’homme. Un mot encore : Jean Zay au Panthéon !

Florent le Bot
 

 
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