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L'OFFICE UNIVERSITAIRE DE RECHERCHE SOCIALISTE
 
Bergounioux/Keslassy
Éric Keslassy
De la discrimination positive
Éditions Bréal 2004 96 p 7,50 e

Ce petit livre, clair et bien argumenté, est une plaidoirie pour la discrimination positive. D’emblée, la principale difficulté est écartée. Éric Keslassy, en effet, ne défend pas les discriminations selon des critères ethniques et culturels, mais les « discriminations socio-économiques ». Il est là sur un terrain solide.


Nous savons, depuis Platon, que « la justice n’est pas autre chose que l’égalité établie entre les choses inégales ». Les penseurs socialistes du XIXe siècle n’ont que rarement plaidé pour une égalité arithmétique, mais pour la reconnaissance du dû de chacun.

Des analyses concrètes
Bien sûr, les politiques publiques qui mettent en œuvre des traitements différenciés pour réparer les inégalités et les discriminations concernent souvent des minorités culturelles, qui cumulent les handicaps. C’est le cas dans les « territoires de relégation », dans notre pays. Mais il y aurait un danger à cristalliser l’existence de communautés avec des droits qui se particulariseraient. Seulement, il faut être plus audacieux qu’aujourd’hui pour éviter que la « fracture sociale » ne se transforme en une crise sociale brutale.
La France pratique déjà ces politiques de « discriminations socio-économiques ». L’auteur analyse la politique des ZEP, les politiques de l’emploi, avec les contrats aidés, les emplois-jeunes, la politique du handicap dans les entreprises, la question de la parité, l’accès aux grandes écoles avec l’exemple de l’IEP de Paris.
La comparaison de ces différents cas montre que l’égalité est le résultat à atteindre, les moyens pouvant différer. Au passage, l’auteur fait justice de la polémique sur l’équité. Celle-ci ne remplace pas le principe égalitaire, elle est un moyen au service de l’égalité. Il avance, cependant, un débat plus difficile. Faut-il renoncer aux règles de l’universalité, dans les prestations redistribuées par l’État-Providence ? C’est déjà partiellement le cas, avec, par exemple, le RMI, la CMU ou la prime pour l’emploi. Mais l’auteur pense qu’il faut aller plus loin en rendant les prestations plus sélectives.
La question qui se pose néanmoins – et l’auteur l’aborde honnêtement – est de savoir si une remise en cause du principe de l’universalité n’amènerait pas également une crise du consentement à la redistribution. Les politiques social-démocrates, qui vont le plus loin dans la réalisation de l’égalité concrète, n’ont pas renoncé au principe de l’universalité. Tout est sans doute une question d’équilibre. Il en va différemment de placer les droits d’inscription dans les universités sous condition de ressources, ou les allocations familiales. Là, les problèmes sont plus lourds et ne concernent pas que la politique sociale, mais tout autant les politiques démographiques.
Cet exemple amène à penser, qu’une fois établis les principes – ce que ce livre fait très bien –, il faut entrer dans l’analyse concrète des politiques de discrimination positive, pour aller plus loin dans l’analyse – et dans la conviction.
Alain Bergounioux
 

 
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