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L'OFFICE UNIVERSITAIRE DE RECHERCHE SOCIALISTE
 
Alain Bergounnioux/Le défi Sarkozyste L'OURS n°390
Le Défi Sarkozyste

Les politiques actuelles menées sous l’inspiration directe de Nicolas Sarkozy amènent une critique justifiée des socialistes sur les dérives qu’elles entraînent dans la justice, dans les médias, donc pour les libertés individuelles et collectives. C’est la raison du livre paru au printemps,La France en libertés surveillées, qui porte comme sous titre « La République en danger ». L’affirmation est sans doute excessive. Ce n’est pas la démocratie qui est en cause. L’expression demeure libre et largement diversifiée. Mais ce qui se joue concerne les fondements même de la République libérale que les socialistes ont su concrètement défendre dans leur histoire.

Je ne prendrai que l’exemple de la justice – à vrai dire fondamental. Les défauts et les faiblesses du système judiciaire sont réelles. Mais le débat sur la réforme de la procédure pénale que prépare le gouvernement, celui-ci ou un autre, en se prononçant en faveur de la suppression du juge d’instruction, sans remise en cause de la dépendance du Parquet vis-à-vis du ministre de la Justice conduit à une limitation réelle de l’indépendance des juges. Le discours sur la nécessaire extension de la sanction pénale, au regard des souffrances des victimes, mettant par exemple en cause la notion de minorité pénale, déconstruit les catégories juridiques qui fondent un modèle de justice protectrice. Il n’est donc pas étonnant qu’ajoutée à la « politique du chiffre » en matière de sécurité, tout cela aboutit à une augmentation régulière de la population carcérale alors même que les prisons françaises sont dans un état alarmant.

Cet état de fait illustre une conception de la société que l’on retrouve dans presque tous les domaines d’action, une société faite principalement d’individus, qui sont responsables, quelles que soient leurs conditions sociales, où les sécurités et les garanties collectives doivent avoir moins d’influence. C’est un type particulier de libéralisme qui n’est pas celui des contre-pouvoirs, cher à la tradition issue de Montesquieu. Il demande donc une critique argumentée qui évite les généralisations paresseuses pour mener une déconstruction convaincante des présupposés des politiques menées. Mais, pour ce faire, il faut que les socialistes fixent eux-mêmes clairement leurs positions, non pas tant seulement en termes de mesures et de moyens (ce qui est important), mais tout autant sur les principes de leur pensée.

C’est à quoi invitent notamment les articles de Vincent Duclert et de Liora Israel. Je ne partage pas toutes leurs conclusions, car « la responsabilité » ne peut être trop vite écartée, tant les équilibres d’une société entrent aussi en compte. Mais, je suis tout à fait persuadé comme eux qu’il ne peut pas y avoir de dénonciation efficace sans propositions affirmées.
Alain Bergounioux
 

 
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