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L'OFFICE UNIVERSITAIRE DE RECHERCHE SOCIALISTE
 
Socialisme et féminisme
SOCIALISME ET FEMINISME
Louise Saumoneau, 1899
Suzanne Lacore, 1934


Pendant des décennies, les femmes engagées dans le mouvement socialiste ont mené avant tout une action socialiste, le combat féministe étant pour elles inséparable de celui livré pour l'émancipation économique, politique et sociale, qui devait primer tout autre combat. Elles ont aussi regardé avec une grande méfiance les « féministes bourgeoises », critiquant leur approche de la question féminine. Leurs camarades hommes avaient eux tendance à leur réserver la propagande auprès des femmes, les grandes questions politiques restant un domaine réservé. En tout état de cause, ils voulaient croire que la question de l'émancipation féminine et de l'égalité entre les sexes serait réglée dans la société socialiste future.
Ce cadre général posé, il n'en demeure pas moins que toutes ces femmes, comme Marie Bonnevial, Aline Valette, Suzanne Buisson, Marianne Rauze, Maria Vérone, Louise Saumoneau, Suzanne Lacore, Germaine Degrond…, parmi tant d'autres, ont eu un grand rôle dans la prise de conscience par la société que les femmes avaient aussi leur propre partition à jouer. Au sein de la SFIO, en animant et en participant à la vie du groupe des femmes socialistes, vers la société en multipliant les conférences et les articles dans la presse socialiste (1). Les deux documents proposés ici donnent une bonne idée de l'argumentaire développé par les femmes socialistes. Ce sont deux militantes socialistes qui s'expriment, mais aussi deux représentantes du monde du travail, une ouvrière et une institutrice.
Née en 1875 à Poitiers, couturière, Louise Saumoneau s'engage très jeune dans le combat politique et syndical. Elle militera jusqu'à sa mort, en 1950, animant le journal la femme socialiste, puis le bulletin Propagande et documentation. Pacifiste, elle voit avec espoir se lever la grande lueur à l'Est, prône l'adhésion à la IIIe internationale mais refuse les exclusions de ses camarades et reste fidèle à la vieille maison. Membre de la CAP dans l'entre-deux guerres, proche de Paul Faure, son pacifisme lui fait condamner l'attitude belliciste des blumistes. Après guerre, elle rejoint le Parti socialiste démocrate de Paul Faure.
La conférence de Louise Saumoneau, prononcée lors de la fondation du premier groupe féministe socialiste (1899), marque une étape dans l'organisation des femmes. Elle a donc 24 ans quand elle prend la parole et le tableau qu'elle dresse de la condition des femmes à quelques mois du saut dans le XXe siècle est sans concession. Dans cette société capitaliste, les femmes doivent se libérer d'une double exploitation, économique et culturelle, et elles ont une double responsabilité, comme mère, éducatrice de futurs citoyens et citoyennes, et ouvrières, concurrentes de l'homme sur le terrain économique. C'est dire si leur rôle est primordial, et que de leur émancipation dépend l'avenir de la société toute entière. Louise Saumoneau, avec fougue et passion, invite les femmes à comprendre les données du problème et à prendre en main leur destin.
Suzanne Lacore (1875-1975) a déjà un long passé de militante en 1934. Après ses études à l'école normale d'institutrices, elle s'engage dans la SFIO dès 1906. Seule adhérente à cette date de la fédération de la Dordogne, vite connue sous le pseudonyme de Suzon, elle donne régulièrement des articles dans le Travailleur du Périgord. Elle partage le quotidien des luttes de son amie Louise Saumoneau. Très populaire dans son Parti, c'est « forcément » à elle que songe Léon Blum quand il décide de nommer des femmes dans son gouvernement en 1936. En 1934, s'agissant de traiter de la question « socialisme et féminisme » pour les nouveaux militants, elle n'a qu'à republier ce qu'elle écrivait vingt ans plus tôt. La grille de lecture des antagonisme de classe, et de la guerre des sexes, reste la même.
Ces deux célibataires, qui ont foi dans l'avenir et le progrès, ont donné leur temps et leur énergie à défendre la cause des femmes. Il ne faut pas oublier que c'est aussi grâce à elles que des tabous sont tombés, que des voix différentes ont pu se faire entendre et que l'émancipation des femmes a progressé.
Frédéric Cépède
(1) Sur l'action de ces pionnières socialistes, nous renvoyons au livre de Charles Sowerwine, Les femmes et le socialisme, Paris, Presses de la FNSP, 1983. Sur la vie et l'œuvre de Suzanne Lacore voir : Bernard Dougnac, Suzanne Lacore, biographie 1875-1975, Périgueux, Éditions Fanlac, 1996, 157 p.
Louise Saumoneau, 1899
Suzanne Lacore, 1934
 

 
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