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L'OFFICE UNIVERSITAIRE DE RECHERCHE SOCIALISTE
 
Les trois flèches
Il faut en fait attendre 1934 pour que la SFIO utilise un véritable " logo " : les trois flèches. Elle le présente comme le symbole de la lutte antifasciste mais elle ne le reconnaît pas officiellement, rappelant même à chaque occasion à ses militants que " le drapeau rouge avec les lettres PS est le véritable insigne” ". L'histoire des trois flèches, dont Serge Tchakhotine a revendiqué la paternité, est bien connue. C'est ce théoricien de la manipulation des foules qui les a introduites en France. Marceau Pivert et les équipes de propagande de la fédération de la Seine réussissent très rapidement à les imposer. Elles ont été conçues au départ pour barrer la croix gammée des nazis sur les murs : on peut aussi y associer des mots d’ordre ternaires du genre " pain, paix, liberté ", ce qui ajoute à leur emprise. À partir de 1936, elles signent les affiches, les tracts et l'essentiel du matériel de propagande diffusé par la SFIO, essentiellement dans la fédération de la Seine, et par les Jeunesses socialistes. Mais il s'agit d'un produit importé, d'un symbole guerrier qui heurte les socialistes, dans leur majorité réticents devant les nouvelles formes de la propagande, beaucoup plus sensibles à la propagande-formation-éducation des origines.
Il ne semble pas que les trois flèches aient été utilisées pendant la guerre, tout au moins sur les documents du PS clandestin conservés. Mais peut-être ont-elles été tracées sur les murs en signe de résistance ou sur certains tracts. Mais nous n'avons pas encore assez poussé nos recherches pour être en mesure de l'affirmer.
En novembre 1944, signe des temps, le congrès national extraordinaire se termine aux accents de LA MARSEILLAISE puis de L’INTERNATIONALE. Vincent Auriol, présentant les grandes lignes du congrès dans le Populaire, en donne les raisons :
" Fidèle à la pensée des grands révolutionnaires et aux principes du socialisme scientifique, il (Le PS SFIO) a affirmé sa double volonté d’achever la révolution interrompue, escroquée par la bourgeoisie, et d’organiser la grande communauté humaine. Il a proclamé son permanent souci de l’intérêt national et de l’intérêt international étroitement solidaires.
Cette double pensée, il a décidé de la symboliser par son drapeau rouge désormais orné du bonnet phrygien à cocarde tricolore. "

Ce même congrès a, en effet, décidé de la création d’un nouvel insigne : " bonnet phrygien avec cocarde tricolore et lettres PS enlacées " en remplacement du drapeau rouge avec lettre PS. Le Parti socialiste, régénéré, doit imposer une nouvelle image. Il sait maintenant l'importance d'une propagande efficace pour gagner l'adhésion des électeurs.
En ce présentant comme les héritiers des révolutionnaires de 1789, en affichant Marianne, les socialistes interprètent encore et toujours les symboles de la République. Dans les semaines qui suivent, des tracts, dépliants et affiches, diffusés à des milliers d'exemplaires, reprennent ce nouvel emblème pour le populariser. Après le matraquage des propagandes vichyste et nazi, il faut submerger les citoyens d'autres images " positives ". Le Parti socialiste SFIO, comme les autres Partis, malgré les restrictions de papiers, et sans grandes ressources, va s'en donner les moyens. Les affiches de Paul Ordner et de Henri Monier popularisent ces " nouveaux " éléments de la nouvelle imagerie socialiste.
Mais l'insigne, adopté sans consultation de la " base ", rencontre l’hostilité des militants du Parti, notamment dans la fédération de la Seine. Il rappelle trop l’insigne du Parti radical et risque d'être raillé par les communistes. Le 22 décembre 1944, au Comité directeur, Lambert, délégué à la propagande désigné par le comité directeur, " signale les protestations qu’il a reçues à propos du projet d’insigne du Parti. Après échange de vue entre les camarades présents, le comité directeur décide d’ouvrir un concours. Les projets, légendes et explications du symbole seront soumis à la conférence des secrétaires fédéraux. "
La revue Esprit, dans son numéro d’avril 1945, dans une note sur l'actualité politique, signale la polémique autour de l’insigne du parti qui a rebondi lors de la réunion des secrétaires fédéraux, en février. Le bonnet phrygien rappelle désagréablement aux militants socialistes le parti radical, ce qui incite certains à proposer de reprendre l'ancien symbole, le drapeau rouge. " Mais, conclut la chronique, il y a une troisième solution - et il y a toujours une troisième solution et c’est celle qui a été adoptée - on a repris les trois flèches, ce qui n’est pas compromettant "
Nous ne savons pas si le concours envisagé a effectivement été organisé (en tout cas, le Bulletin Intérieur n’en parle pas) mais “les trois flèches” deviennent effectivement l’insigne officiel du Parti. Le rapport de propagande pour le congrès d’août 1945 note que cet insigne a reçu un bon accueil. Par ce choix, le parti marque son attachement aux luttes antifascistes, et adopte un insigne de combat. Il fait aussi du neuf avec du vieux, officialisant l'usage d'un symbole déjà éprouvé dans les luttes de l'entre-deux-guerres ; et il ne donne pas l’impression de reculer. Mais le bonnet phrygien est conservé dans la panoplie des images.
Au moment même où les trois flèches sont très présentes dans l'univers symbolique des socialistes, le logo de l'Amicale des Anciens du Parti socialiste reprend, en 1937,le symbole du poing serré et du soleil dans lequel s'inscrit le sigle PS SFIO.
Le Parti socialiste SFIO défend la République : En 1946, à la une du bulletin interieur du PS SFIO, mensuel de liaison et d'information destiné aux cadres du Parti, les trois flèches sont associées au visage de marianne avec le bonnet phrygien.
Le poing et la rose
 

 
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