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L'OFFICE UNIVERSITAIRE DE RECHERCHE SOCIALISTE
 
Des Poings et des roses/Tartakowsky
Le siècle des socialistes en couleur par DANIELLE TARTAKOWSKY

Des Poings et des roses
Le siècle des socialistes

Éditions de la Martinière 2005 256 p 35 e

L’OURS s’est impliqué dans la réalisation de l’album que le PS a édité, sous la direction d’Alain Bergounioux, pour célébrer son centenaire. Nous avons demandé à Danielle Tartakowsky, historienne, spécialiste des manifestations, et des images, de porter son regard sur cette réalisation.

S’agit-il d’organisations politiques, fût-ce au sens large, et force est de constater qu’on est rarement en position de célébrer des centenaires. Celui du Parti radical ne fit guère recette. Reste celui de la CGT en 1995, du journal L’Humanité, l’an passé, et cette année, non sans quelques passerelles, celui du Parti socialiste, tous soumis à de nombreux avatars, le siècle durant. Constatons donc le quasi-monopole d’organisations (ou de journaux) qui se sont constitutivement définis comme ouvriers, en invitant à une réflexion sur le pourquoi de cette pérennité singulière.
Ces centenaires ont tous été l’occasion de projets éditoriaux où les livres-albums, abondamment illustrés, occupent naturellement une bonne place. Cet ouvrage anniversaire et militant, dirigé par Alain Bergougnioux, rédigé par Frédéric Cépède et préfacé par François Hollande relève du genre. Disons d’entrée de jeu que c’est là de la belle ouvrage. Le talent des éditions de la Martinière n’y est pas pour peu.
L’ouvrage est structuré en 7 chapitres chronologiques qui offrent une retraversée de l’histoire du parti depuis 1830 (le choix pourrait faire débat) jusqu’à aujourd’hui, sans sombrer dans la complaisance ni occulter les (nombreuses) heures sombres du Parti. Chacun d’eux est accompagné d’une double page consacrée à une thématique transversale: couleurs socialistes, adhésion, propagande et communication, jeunesses et socialisme, les femmes au Parti socialiste, le choix international des socialistes, la république des socialistes. À leur suite, une chronologie dont il faut souligner la clarté et une courbe des effectifs du Parti pour chacune des périodes concernées. L’ouvrage se clôt sur quelques extraits de textes canoniques, une liste des secrétaires généraux et une bibliographie. Soit un ensemble de données maniables à tous et de bonne utilité. Là n’est cependant pas l’intérêt majeur d’un ouvrage construit autour d’une exceptionnelle collecte iconographique qui en constitue le pivot plus que l’illustration. Les affiches, photographies ou objets militants, conservés par l’OURS, glanés auprès des militants ou en d’autres lieux de conservation sont, sinon toujours inédits, du moins le plus souvent fort rares. Tous sont soigneusement commentés. Ils autorisent une traversée beaucoup plus sociale et culturelle d’une organisation que le texte ne pouvait aborder que sous l’angle organisationnel. En laissant deviner l’important travail systématique mené par ailleurs par Frédéric Cépède sur ces sources, dont plusieurs articles ont déjà permis de prendre la mesure. Citons, parmi d’autres exemples, les nombreux documents relatifs aux fêtes militantes, qui sans doute mériteraient études, ce que l’iconographie apprend des appropriations parfois mouvantes du passé ou cette étonnante affiche de 1946 ou la France reçoit la manne de l’Amérique… Avec, au fil des pages de passionnantes similitudes anthropologiques, graphiques ou typographiques avec les documents similaires d’autres formations qui mériteraient de creuser la réflexion, dans un autre cadre.
On pourra bien sûr souligner que les traversées thématiques donnent parfois le sentiment de continuités par trop rapides, regretter certains raccourcis (amenant à passer sous silence le rôle initiateur du PCF dans la stratégie de Front populaire), rêver d’une étude sur le mode de celle qu’esquissait en d’autres temps Madeleine Rebérioux dans son histoire des socialismes français, qui intègrerait, autrement que sur le mode de l’addition ou de l’opposition, l’étude des deux partis et du mouvement social, forts d’un héritage et d’un vivier commun. Mais ce serait critiquer l’ouvrage pour ce qu’il n’est pas. Qu’il invite, au fil des pages, à approfondir la recherche et la réflexion suffit à en dire les qualités.
Danielle Tartakowsky
 

 
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