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L'OFFICE UNIVERSITAIRE DE RECHERCHE SOCIALISTE
 
Recherche socialiste 54 55 Avant Propos
Avant-propos
Alain Bergounioux
Recherche socialiste 54 55 janvier juin 2011

Crise financière, crise environnementale, crise sociale, crises dans l’Union européenne, crises dans le monde arabe... Crise de sens. Le discours sur les crises est partout. Mais comment vit-on réellement, concrètement dans des sociétés en crise ?

À l’échelle de notre revue, nous avons voulu questionner la société française en 2011 et particulièrement les parties de la société qui connaissent réellement une crise. Nous n’avons pas la prétention de couvrir tous les problèmes, un numéro fut-il triple n’y suffirait pas.
Par contre, au-delà des tableaux, des chiffres et des statistiques, il nous a semblé qu’il pourrait être utile de donner des coups de projecteurs sur des aspects révélateurs de l’état de la France : la pauvreté et l’aide aux plus démunis, la politique d’accueil des étrangers, la lutte contre le chômage, les demandeurs d’emploi, le monde enseignant en banlieue, la vie quotidienne en province… Nous avons sollicité des acteurs de terrain (notamment dans le monde associatif humanitaire), des chercheurs, des citoyens engagés. Sans autre souci que l’expression d’un parole libre, une invitation à mieux regarder notre société en face, avec comme toujours une réflexion qui essaye de se dégager du temps court, de prendre du recul et d’envisager les grandes évolutions.

Je tiens à remercier François Soulage, président national du Secours catholique, Jérôme Martinez, secrétaire national de la Cimade, le collectif de militants du Réseau Éducation Sans Fontières (RESF), Axelle Brodiez, chercheure au CNRS, Jean Le Garrec, ancien ministre, Claire Saga, cadre à Pôle emploi, Ismail Ferhat, enseignant en banlieue parisienne, Éric Dupin, journaliste politique et Guy Bordes, militant associatif et membre fondateur de l’OURS d’avoir accepté de livrer leurs réflexions dans des articles ou des entretiens que nous avons sollicités.

Plusieurs questions importantes traversent leurs propos : comment et pourquoi la cinquième puissance économique du monde tolère-t-elle un tel niveau de pauvreté ? Pourquoi accueille-t-elle si mal les étrangers (ou en a-t-elle peur) ? Pourquoi a-t-elle tant de mal à résorber son chômage ? Pourquoi avec tant de progrès techniques, technologiques qui facilitent la vie est-on moins heureux qu’avant ? Certes la politique de la droite, notamment en matière d’immigration, est stigmatisante et dangereuse, et indigne de la « patrie des droits de l’homme ». Mais, en bien des domaines, les problèmes ne datent pas de 2007, ni même de 2002, et les réponses ne sont pas évidentes à formuler (on constate ainsi que des élus de gauche peuvent avoir des réponses différentes dans l’aide aux sans-papiers, par exemple). C’est pourquoi il est si important de prendre le temps d’écouter nos concitoyens dans leurs attentes et leurs réactions parfois contradictoires. En tenant compte de leurs craintes : la mondialisation, le chômage, les autres… de la méfiance qu’ils manifestent vis-à-vis de l’État, des élites, des élus, des enseignants, des chômeurs… tout en étant en même temps les défenseurs de leur élu local travailleur, de leur école qui fonctionne quand même, du copain Moussa sans papier que l’on veut renvoyer chez lui…

Une remarque sur l’importance du « bénévolat » dans notre société mise en avant dans plusieurs articles. Malgré la crise, ou à cause d’elle, de nombreux citoyens de notre pays continuent à consacrer au soutien aux diverses « victimes » de la vie des « dons » d’argent et de temps, et font vivre des associations culturelles, sportives, qui créent ou maintiennent du lien social. Ces engagements, rassurant à bien des égards, se manifestent dans de nombreux domaines, mais la pression sur l’État – qui tend à vouloir se désengager – doit continuer à s’exercer constamment.

Ces articles posent aussi bien des questions à la gauche : quelle vision de long terme de la société propose-t-elle ? Ses réponses sont-elles claires sur tous les sujets abordés ici ? Chacun se fera son idée. Mais ses responsables feront bien de proposer une vision à long terme qui prenne en compte le besoin de vivre ensemble, dans une société ouverte et non pas repliée sur la peur des autres et du monde.

La partie de notre revue, « Histoires socialistes » accueille des articles issus de travaux de recherches récents. Antoine Rensonnet, à travers l’histoire du quotidien La République de Normandie, propose une étude passionnante sur cette presse partisane si peu étudiée. Christophe Batardy revient sur un temps fort des années 70, la révolution des œillets, et les débats qu’elle a suscités entre les partenaires de l’union de la gauche, et au sein du Parti socialiste. L’étude de Rafaël Cos sur la politique de sécurité du gouvernement Jospin entre 1997 et 2002 interroge la définition d’un programme politique et sa traduction au pouvoir. Questions de « doctrine », questions d’hommes, rôle du parti… questions on ne peut plus actuelles.

Les notes de lecture de Robert Chapuis (Sortir de la crise) et de Florent Le Bot (L’entreprise en restructuration) poursuivent d’une autre manière les réflexions sur les mutations ou crises dans nos sociétés. Notons que ces deux riches ouvrages sont issus de travaux collectifs, interdisciplinaires, et comparatifs. Exemples à suivre.

Enfin, en prolongement de notre dossier Événement, en cette année 2011 qui voit les socialistes célébrer un double anniversaire, les 40 ans du congrès d’Épinay, et le 30e anniversaire du 10 mai 1981, dans notre rubrique Document, nous reproduisons des extraits du programme des socialistes Changer la Vie. Il s’agit d’extraits de la présentation par François Mitterrand, premier secrétaire du Parti socialiste, de ce programme adopté lors de la convention de Suresnes, en mars 1972. Si, en 40 ans, la France et le monde ont changé, bien des questions posées à l’époque demeurent, on le constatera. Les réponses ne peuvent plus être les mêmes. Changer la vie c’était aussi alors vouloir changer les mentalités. Vaste programme… à long terme.
Bonne lecture, et bonnes vacances.

Alain Bergounioux
 

 
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